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Critique de Chrisdu26


Pourquoi se contenter du pire quand le meilleur s'offre à nous ? Ne serait-ce que pour une minute, une heure une éternité…

Vous est-il déjà arrivé, de vous asseoir sur un banc, le temps s'arrête, votre regard est dans le vide mais votre cerveau est en pleine ébullition prêt à exploser ? Devant ce banc plusieurs chemins se présentent à vous. Lequel choisir ? Voilà le dilemme qui torture l'esprit de Nelly, 47 ans.

Nelly est assise sur ce banc, au milieu d'une gare. Peu importe que ce soit Nelly, vous ou moi, 47 ou 34 ans ! Quelle importance au fond, un jour ou l'autre un banc se présente à nous et le dilemme tombe comme une urgence, comme si notre vie en dépendait !

Nelly est actrice. Ce soir, l'attend un grand rôle au théâtre. La salle est comble. Mais un homme, au centre du cinquième rang lui fait l'effet d'une entaille, d'une trahison. Nelly puise en elle la force pour tenir son personnage. Mais son corps démissionne. Ses mots se fragmentent en silence. La représentation chavire, la pièce est annulée !

Nelly fuit. Elle va marcher sans but dans les rues de Paris à la recherche d'une réponse, d'un souffle, d'un sursaut de vie qui lui manque pour ne pas asphyxier. Dans cette gare, sur ce banc elle se pose. Durant toute une nuit, l'heure de la mise au point est venue, un face à face s'impose. Des images de sa vie lui reviennent comme des boomerangs. Des flashbacks jaillissent comme des missiles. Ça fuse de toute part. Pas le temps de souffler que ça retombe, coup de poing dans la gueule, aucune pitié pour Nelly. N'oublie pas de tendre l'autre joue ma fille, Dieu l'a dit ! Et puisque tu as choisi ta vie, maintenant tu assumes, quitte à en crever. Pour le meilleur et pour le pire. Pas le droit à l'erreur. Putain, comme ça fait mal. Mais Nelly reste sur ce banc, affronte ses démons, se couche, se relève comme un bon petit soldat et nous raconte :

Une mère qui sombre peu à peu dans la maladie : Les ténèbres de l'oubli.
« Je me demande pourquoi j'ai voulu la blesser. Pourquoi haïssant sa maladie, je me suis emportée contre elle. Je la vois sortir de son rôle, être doucement happée par hier, et même si l'avenir est un oubli perpétuel, je voudrais qu'elle marche sans se retourner, avec une dignité que rien n'entame. »

Un père qui n'a pas eu les armes pour affronter sa sexualité.
« Et soudain, je pense à mon père. A sa vie qu'il n'a pas jouée. Et cette vie sans rébellion m'emplit de chagrin. Cet homme, magnifique personnage tragique, second rôle timide qui ne savait pas qu'il pouvait parler aussi fort que les autres… qu'y avait-il à l'autre bout de la plage, papa ? Y avait-il la solitude, la tentation du suicide, ou celle d'autres hommes ? »

Deux fils qui ne voient en elle qu'une mère dans ce grand lit désert et froid.
« Ils ignorent ma chambre vide. Ils font confiance. […] Comme si la maternité nous rendait infaillibles. Et pourtant, il suffit d'un rien. Un homme qui n'est pas eux. Un homme qui passe et leur mère n'est plus leur mère. Juste une femme qui hurle de douleur. Qui meurt sur scène. Et couche dans les gares. »

Un homme effacé mais tellement présent.
« Mais ce soir, hier soir, elle s'est octroyé le premier rôle. Elle a placé au centre du cinquième rang – place idéale – l'homme idéal. Celui que j'avais nié sans l'oublier. Occulté sans le quitter. le porteur de vie. L'amoureux. Pas un jeune premier, non. Un homme d'âge égal au mien. de force égale. […] Un fait pour moi. »

Une vie. Sa vie. Ses choix.
« Est-ce qu'on me laissera jouer encore ? Est-ce que vous pensez que cela est possible ? Un pardon ? Une grâce … »

On ne peut être que touché, réveillé, bousculé, par la fragilité de cette femme et par l'écriture sobre de l'auteure Véronique OLMI, comme des cris, des bouteilles à la mer. On s'en prend plein la gueule et on se demande, Nelly, vous, moi, 47 ou 34 ans quel chemin, quel choix, quelle voie ? Celle que nous dicte une certaine retenue, une certaine conscience morale ou celle qui va nous apporter cette petite brise qui nous rend si vivant ? A droite ? A gauche ? Tu me suis ? Ne pas cracher sur le bonheur.

« J'aimais mieux quand c'était toi », mais je préfère quand Aimer se conjugue au présent : J'aime mieux quand c'est toi ! L'Amour c'est quand même mieux quand il est vécu au présent ! Ne pas avoir de regret, ne pas avoir à se dire que l'on aurait pu…

Contre vent et marée, Nelly fait le choix de la Vie, de l'Amour, pour une minute, une heure et pourquoi pas l'Éternité ?

« J'ai vaincu la mort pour cet instant-là. Précisément. Être dans ces minutes-là. Ce regard-là. Cet homme là.
Le temps s'incline et nous quitte.
Et la vie est là.
Mon Dieu…
Comme c'est simple. »



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