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Critique de oiseaulire


C'est un formidable coup de maillet qu'assène là Michael Ondaatje pour ses 75 ans. En tous cas voilà un livre complet, qui parle autant au coeur, qu'à l'intelligence ; C'est aussi une méditation subtile sur le souvenir (on pense à Modiano parfois, sans que l'on puisse superposer les deux génies).
J' ai appris une foule de choses sur les évènements survenus dans l'ombre de l'immédiat après-guerre, tellement monstrueuses que j'ai d'abord cru qu'elles étaient le fruit de l'imagination de l'auteur. Ces évènements (règlements de comptes perpétrés en catimini dans toute l'Europe et au-delà, effacement de la carte de villages entiers, suppression des archives compromettantes pour un bord comme pour l'autre par les services secrets britanniques, transports nocturnes et top secret à travers Londres de camions chargés jusqu'à la gueule de nitroglycérine). Peut-être mon ignorance va-t-elle faire sourire les spécialistes de cette période de l'histoire. Mais les néophytes comme moi peuvent, si la curiosité de ces faits insolites les saisit, consulter la bibliographie que l'auteur a fourni à la fin de son livre. Son contenu doit être de nature donner le vertige. La réalité dépasse de très loin la fiction.
Nous sommes en Grande-Bretagne plusieurs années après la fin de la guerre. C'est en reconstituant le puzzle de sa vie d'adolescent soudainement abandonné par ses parents entre les mains de personnages douteux (ils se livrent notamment au trafic clandestins de lévriers de course), que le narrateur découvre peu à peu, par recoupements successifs, des pans entiers de l'activité des services secrets britanniques entre les années 1945 et 1960. Sa ténacité lui permettra de lever une partie du voile sur les raisons de la disparition de sa mère et sur les missions véritables des personnages inquiétants qui lui servirent de pères de substitution entre l'âge de 14 ans et de 18 ans, surnommés "le Papillon de nuit" et "le Dard". De magnifiques portraits de femmes, aussi, comme j'en ai rarement vu dans la littérature, rehaussent le récit ; des êtres forts, rayonnants, délicats, jamais en orbite : celui de l'ethnographe Olivia, de son premier amour Agnès, et bien sûr de sa mère, Rose.
C'est une enquête intime et collective à la fois qui est menée là.
Ce livre est magnifique, lisez-le, lisez-le, il n'est pas possible de rater ça !
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