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Critique de jullius


Ici n'est plus ici : leur monde est devenu immonde, les plaines sont devenues des plaies, les tribus ont été avalées dans des quartiers sordides, les seuls clans restant sont des gangs. Leur peau cuivrée est devenue peau rouge ; dans la langue de ceux-là mêmes qui en firent couler tant de sang. Leurs tenues sont devenues costumes, leurs peintures, des maquillages. Leurs prières sont devenues des complaintes, des chants amers ; les rituels des pow-wow pour essayer d'être… encore un peu. Les légendes sont devenues des rumeurs, les signaux des textos. L'esprit du clan se cherche sur internet, les connexions remplacent les veillées autour du feu. Les veillées et feux de camps ne sont plus que des images de ciné. Leur mémoire est devenue une toute petite page d'histoire, peu lue, souvent mal écrite, leur savoir un vieux grimoire, qu'on consulte sans y croire. Leurs différences sont devenues des ressemblances, dans les yeux pâles et froids des conquistadors : seule assimilation offerte. Leur identité est devenue un combat plus dangereux qu'un rite de passage. Ici, le monde des autochtones des Amériques précolombiennes n'est plus ici : there is no more there, there, in America. le rêve américain fut d'abord le cauchemar des natives, décimées, humiliés, puis parqués, affamés ; infâmés ! Ici n'est plus ici depuis que ce rêve est devenu cette réalité : un génocide, un culturicide, un terrorisme permanent pour ses premiers habitants.
Ce roman de Tommy Orange n'est pas seulement prenant, il est important, il est nécessaire : il est aussi bouleversant qu'il est essentiel, pour relire le passé comme pour comprendre le présent. Il résonne aussi fort qu'un concert de tambours. Il envahit l'esprit, fait vibrer le corps et vous attrape au coeur.
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