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Critique de jamiK


Voilà, j'ai enfin lu ce livre qui prenait la poussière dans le fin fond de ma bibliothèque, acheté d'occase à la fin des années 80, une soixantaine de pages lues puis abandonné.

Et là, j'ai adoré...

Sans doute, la première lecture a trop souffert du parallèle avec le film “Brazil” de Terry Gilliam pour lequel je voue une admiration sans borne (rien que d'y penser me mets dans un état nirvanesque). Mais la vision est assez différente, le cynisme ne se situe pas au même plan et l'objectif n'est pas le même.

Dans ce roman, l'action, l'aventure n'est pas au centre de l'histoire, elle n'est que le support, et le point de vue n'est pas du tout kafkaïen, les condamnations n'ont rien d'absurdes, au contraire, et c'est bien ce qui est glaçant ici. C'est avant tout un roman de politique fiction, le sujet du roman, c'est bien l'anihilation de la pensée autonome, la description du totalitarisme, ses moyens de mise en oeuvre par une culture de l'ignorance, rabotée, lissée, réduite au strict nécessaire. Ici le terme de Dystopie par opposition à l'Utopie y prend toute son ampleur, elle n'est pas là pour mettre du piment à l'action comme dans les dystopies actuelles pour ados (le labyrinthe de Dashner, Divergente, Hunger Games...) mais bien au contraire, décrite comme envisageable. C'est un roman qui paraît presque réaliste, on ne peut s'empêche de penser à Hitler, Staline, la révolution culturelle en Chine, Pol Pot, et actuellement Kim Jong-un, au point de se demander s'il n'a pas servi de modèle à l'un d'entre eux.
La description de ce régime totalitaire est très approfondie, chaque direction prise par le régime est froidement justifiée, la guerre, la pénurie... Et c'est un roman qui donne quelques clés sur certain moyens utilisées en politique de nos jours et c'est à se niveau que se situe son cynisme. le livre fini par nous happer totalement, nous angoisser, non pas par empathie pour le héros, on sait très vite que ça finira mal, mais par la noirceur réaliste de l'humanité représentée.

À noter que les ventes de 1984 au Etats-Unis remontent en flèche depuis l'élection de Donald Trump et les rapprochements entre les “Faits alternatifs” de sa conseillère et la novlangue du roman fleurissent chez les journalistes et les réseaux sociaux. Notre Marine le Pen nationale, avec par exemple son « UMPS » est aussi une adepte de la novlangue.

Ce qui fait de ce livre un incontournable, c'est son intemporalité, c'est un livre terrible dans tous les sens du terme.
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