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Critique de Flaubauski


Voilà un roman qui a souffert de mon manque d'âge et d'expérience, notamment politique, au moment de ma première lecture, alors que j'étais seulement ado, pour être, à mon sens, pleinement compris dans toutes ses potentialités, dans tous ses tenants et aboutissants. Plus encore maintenant que je peux faire un parallèle, somme toute nécessaire, avec La ferme des animaux, publié quatre ans plus tôt.

Ici, il n'est plus question de fable animalière, mais d'un monde de 1984 - enfin, en est-on sûr ? - bien plus glaçant, qui se divise en trois états continuellement en guerre, l'Océanie - Etats-Unis et Empire britannique -, l'Eurasie - l'URSS et le reste de l'Europe -, l'Estasie - une bonne partie du reste de l'Asie -, pour obtenir les ressources possédées par le reste du monde ne faisant pas partie de ces états - entre Tanger, Brazzaville, Darwin et Hong-Kong.

De ces trois états, c'est l'Océanie que choisit Orwell de décrire en un personnage emblématique, au nom on ne peut plus banal, Winston Smith, quadragénaire faisant partie du parti extérieur de l'Angsoc ("socialisme anglais"), classe intermédiaire entre le parti intérieur et les proles. le parti intérieur est réservé aux pontes de l'Etat, Big Brother en tête, sorte de divinité autocratique affichée sur tous les murs, fixant de son regard inquisiteur ses ouailles, les écoutant aussi continuellement via télécran. Les proles, quant à eux, sont les ouvriers toujours nécessaires pour faire fonctionner l'Etat. Winston est donc plutôt privilégié en travaillant au service des Archives du Ministère de la Vérité, chargé qu'il est de modifier le passé pour le faire correspondre aux désirs du Parti, selon les évolutions de la société. Mais il ne parvient pas à être totalement dupe, et commence à écrire un journal clandestin dans lequel il évoque tout ce qui le gêne au sein de son existence océanienne, sans se douter un seul instant de tout ce à quoi va le mener cette première impulsion contre le Parti...

Ainsi, l'auteur anglais pousse à son paroxysme ce qu'il dénonçait déjà avec causticité dans La ferme des animaux : la toute-puissance de la manipulation de l'information propre à tout régime totalitaire afin d'empêcher toute révolution qui le remettrait en cause. Dénonciation faite avec grande réussite par l'intermédiaire d'un Livre, censément écrit par Goldstein, l'ennemi de l'Océanie, celui qui a trahi le Parti en n'acceptant pas cet état de fait, dont certains extraits, qui nous sont offerts en lecture, nous montrent tout le génie visionnaire de cette dystopie.

Une relecture qui m'a mis une sacrée gifle, tant j'ai l'impression d'être franchement passée à côté au cours de ma première lecture, et tant je la trouve troublante, plus encore de nos jours...
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