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Critique de Aetherys


Tels des éclairs, de jeunes motards sillonnent une immense mégalopole construite sur les cendres de l'ancienne, en quête de sensations fortes et d'affrontements pour rythmer leur quotidien. Ils sont, comme une majeure partie de la jeunesse de ce nouveau millénaire auréolé sous le symbole de "l'après", marginalisés et mit à l'écart dans des établissements de redressements où violence fait loi.

Si Ottomo, auteur de cette oeuvre qui a su en influencer tant d'autres, y dévoile ses craintes les plus profondes concernant l'avenir d'un Japon post-Nagasaki/Hiroshima, il y dévoile aussi celles plus collectives du peuple japonais dont les traumatismes sont alors encore profondément ancrés dans les mentalités. Une véritable catharsis graphique opère alors.

La peur du nucléaire est personnifiée sous les traits d'un enfant qui, en apparence, semble innocent mais dont les expériences militaires menées sur lui l'ont fait évolué à l'état d'entité destructrice. Cet enfant est l'objet d'une véritable lutte entre diverses factions pour s'octroyer son pouvoir, ce qui finira par amener le récit à subir une violente coupe. Je parle ici de la fameuse scène de la sphère noire, élément que l'on retrouvait déjà en introduction de l'oeuvre.

Elle est alors en train de s'étendre. La sphère noire destructrice, inspirée par l'essai nucléaire Trinity.

Durant cette scène courte et intense, sûrement l'une des plus célèbres du manga, l'atome règne en maître. À cause de cette quête de pouvoirs menée par diverses personnes, les conséquences en sont désastreuses : un nouveau Néo Tokyo s'apprête à naître sous nos yeux. de la même manière qu'il est impossible d'arrêter une bombe nucléaire en train de s'écraser au sol, il est impossible d'arrêter le ballet destructeur de cette sphère noire.

Ici, Ottomo apporte encore une fois une minutie presque fétichiste à la destruction de cette mégalopole, dans un silence étouffant qui émane de chaque coup de crayon. Sous nos yeux, tout s'apprête à mourir, mais tout s'apprête aussi à renaître une énième fois.

Cette scène clé fera alors évoluer l'histoire vers un pan apocalyptique où, sur les cendres d'un monde ayant à peine eu le temps d'éclore, une jeunesse brutale et guerrière mènera une lutte infernale pour sauver son existence.

Et alors qu'un affrontement opposant l'humanité à un être suprême dévoré et consumé par l'atome fait rage, on ne peut que se demander ce que cherche à nous narrer l'auteur au travers de ce récit. En effet, il y a un aspect pessimiste dans l'oeuvre, notamment avec l'idée que l'humanité ne peut s'empêcher de reproduire les mêmes erreurs sans cesse, et que la seule porte de sortie semble être notre inéductable annihilation.

Pour cela, il est assez intéressant d'observer et d'analyser en profondeur la dernière planche de fin du manga, pour mieux en interpréter la réelle volonté du créateur.

Cette page confirme finalement un point de vue inverse à celui laissé présagé dans les débuts, et en cause...

La jeunesse, portant avec elle les fantômes du passé, s'en va vers un avenir rayonnant, où elle pourra à nouveau reconstruire sur les ruines de leur ancien monde. le plan symbolise très bien cet idéal que Ottomo semble avoir toujours eu, en posant quelques ruines au ras de la rue, pour laisser ensuite place à de gigantesques structures, propre à un avenir fort et prospère.

Le fantôme d'un être consumé par sa quête de puissance, métaphore de l'humanité tentant en vain de contrôler un pouvoir dépassant sa condition, observait ses amis sur le plan d'avant avec un sourire empli de bonheur et de respect. Cela laisse ainsi comprendre qu'un jour viendra où l'homme et les forces qu'il ne devrait pas chercher à contrôler, trouveront un équilibre d'harmonie et de respect mutuel.

Par cette page de conclusion, Ottomo laisse passer deux messages forts :

- Un message venant du passé, d'un Japon détruit, mais qui a su se relever de ses cendres pour mieux se reconstruire. Qu'importe ce qui peut le toucher, il saura se relever. Au delà d'un message presque "nationaliste", il y a une véritable portée universelle à cette idée de reconstruction.

- Un message du futur : croire en les nouvelles générations, c'est croire en un futur radieux et prometteur, c'est laisser leur chance aux marginaux et faire fi d'une existence cyclique où les erreurs se répètent.
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