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Critique de Apoapo


Il s'agit là d'un essai de philosophie cossu sur tous les effets qu'a la lecture sur l'acte de "prendre soin de son âme" (thérapeia). La "lecture" doit être mise entre guillemets plus encore que la thérapie, car il est question surtout d'interprétation de l'écrit, en particulier d'herméneutique, de rupture des sens attendus (par l'habitude ou une lecture superficielle) et reconstruction par d'autres moyens (y compris kabbalistiques, par assonances, etc.) de nouveaux sens.
La double "casquette" de l'auteur, rabbin et philosophe, donne le la à la démarche: hélas, j'ai eu d'énormes difficultés à suivre les références talmudiques et en général la philologie hébraïque, de même que le côté philosophique, qui puise abondamment à Heidegger, à Ricoeur, à Lévinas et parfois à la psychanalyse notamment lacanienne... (Quelques lumières d'un ami spécialiste en ontologie n'ont pas été superflues...)
Des moments d'intense jouissance intellectuelle, surtout dans la partie "Langage, récit et identité" qui touche à des thèmes qui me sont plus proches, se sont alternés à des déserts d'ennui, en particulier sur la valeur numérique des mots et racines d'hébreu... de longues citations littéraires de textes très variés de Bachelard à Kafka à Rabbi Nahman de Braslav, etc etc, ont égayé les concepts tout en les faisant s'égailler... (phrase qui aurait bien trouvé sa place dans l'essai, je suppose!)
Je sors le dos rompu de cette lecture, interrompue et reprise sans cesse tout au long d'une période de presque six mois, mais globalement convaincu par l'idée de fond: que les noeuds de l'âme sont d'abord des noeuds du langage; qu'il faut donc éclater le sens avant de le reconstruire - seule la lecture peut le permettre - , et que l'identité (mais ceci vient de Ricoeur) s'en trouve ainsi "libérée". Avoir eu un petit aperçu des "méthodes" pluriséculaires des kabbalistes révèle sans doute aux profanes l'étendue de leur incapacité à les saisir, d'où évidemment tant de fascination et d'angoisse chez les ignares...
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