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Critique de Tannen


Je m'en doutais... Ce n'était qu'un vague pressentiment jusque-là, mais la lecture d'Ovide consolide mon idée que les dieux sont gens fort peu recommandables ! J'espère, disant cela, ne pas attirer sur moi la foudre de Zeus ni la flèche vengeresse de Diane, puisqu'ils semblent être aussi très susceptibles. Oh et puis, je prends le risque, une critique est une critique, et il faut apprendre à écouter les reproches qu'on nous adresse, même quand on est un dieu !
Bon, en gros l'histoire des dieux est une succession de basses vengeances, de cruautés toutes plus horribles les unes que les autres, de harcèlements et de viols à gogo. Et que je te transforme en insecte si tu oses me contrarier, ou que je te change en pierre ! Et que je te découpe ton gamin, que je le bouillisse ou rôtisse pour ensuite te le faire bouffer ! Finalement, les dieux sont tellement... humains : ils sont vicieux, cruels, capricieux, bagarreurs, jaloux exactement comme eux.
Plus sérieusement (bien que ce qui précède soit déjà très sérieux, il est question quand même de divinité), le travail d'Ovide révèle surtout la faculté d'observation des Anciens. Son long poème est une tentative d'explication de l'origine du vivant, de la géographie, des phénomènes, de la nature et de l'aspect des choses.
Tout commence avec le Chaos. Au début, le divin occupe toute la place, c'est la lutte des dieux contre les dieux. Puis, petit à petit, on se dirige vers un univers de plus en plus humain : apparaissent des êtres hybrides (Hercule, mortel divinisé, Achille, demi-dieu), puis c'est la guerre de Troie, les errances d'Énée, César et Auguste, enfin. Outre son ambition purement poétique, Ovide offre à ces derniers d'appartenir au grand arbre généalogique des dieux, légitimant ainsi leur pouvoir.
Un des derniers "chapitres" expose la doctrine de Pythagore, selon laquelle notamment rien n'est immuable, la métamorphose est permanente et éternelle. L'homme et la femme naissent, vieillissent et meurent, la géographie se modifie perpétuellement, le cours des fleuves, tout continue de se métamorphoser, ainsi aussi des nations et des empires. L'âme change d'hôte au fur et à mesure que meurent les corps. Pour cette raison, dit-il, il est indigne de consommer de la viande, car les bêtes étant aussi de nouvelles demeures pour les âmes, on ne fait rien que tuer et manger nos parents. "Rien ne se perd, tout se transforme", c'est clairement formulé bien avant Lavoisier...
Une lecture agréable quoique un peu répétitive et fastidieuse, très dense. Il est un peu compliqué parfois de s'y retrouver parmi tous les personnages, leurs noms entremêlés, mais c'est d'une telle richesse ! À mon humble avis, on en tire davantage de satisfaction si on entame cette lecture en étant déjà connaisseur d'Homère ou de Virgile.

Commencé en prose, les deux premiers chants, chez GF-Flammarion, traduction Joseph Chamonard ; continué en vers chez Actes Sud, traduction Danièle Robert.
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