AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Pat0212


Leonardo Oyola nous embarque pour un road movie sanglant en Argentine, dans la zone de la triple frontière, celle de l'Argentine, du Brésil et du Paraguay. Il ne s'agit pas à proprement parler d'un polar, mais plutôt d'un roman noir, vraiment très noir:

Pasteur Noé et Perro sont deux pirates de la route ultra violents, en particulier Pasteur Noé. C'est un drôle de pasteur en fait, il a jeté celui de la prison en bas du toit et a pris sa place après s'être auto proclamé. D'ailleurs rien ne dit que sa victime était un ecclésisastique plus convenable que lui. Il parle sans cesse de Dieu et affirme qu'Il lui parle, ce qui ne l'empêche pas d'être un assassin sanguinaire, cruel et surtout complètement fou. Son complice et ami est Perro, un beau gosse surdoué dans la conduite. Ils kidnappent une jeune fille et sa domestique, le père paie la rançon rubis sur l'ongle, mais tout dérape: Pasteur Noé décide de garder tout le butin pour lui et les deux otages meurent. Perro se lance à sa poursuite dans la pampa avant que son complice n'atteigne la triple frontière.

En fait l'histoire ne se déroule pas de manière si linéaire, la temporalité est complètement brouillée. le personnage principal et narrateur est Perro et le récit fait des allers-retours incessants entre le présent et les flash back dans lesquels il raconte son histoire. le temps semble ramassé et on a l'impression que tous les évènements sont très proches, alors qu'on comprend à la fin qu'il s'écoule plusieurs années depuis les scènes de violence vécues en prison et la chasse à l'homme entreprise par Perro. le récit semble le plus souvent très embrouillé. Si Pasteur Noé n'est pas bien sympathique, on comprend que ces hommes ont vécu dans le milieu de la délinquance depuis leur plus jeune âge et n'ont pas vraiment pu s'en sortir. Toutefois Perro sait qu'il a eu sa chance avec Julia, qu'il a aimée et continue à aimer, mais il n'a pas eu le courage et la force de devenir un petit paysan pauvre, il a préféré l'adrénaline et l'argent facile. C'est ce qui rend ce roman si noir, les personnages sont englués dans un destin dont ils ne peuvent sortir. Même s'il est un assassin qui relève du grand banditisme, Perro reste un personnage finalement sympathique et attachant, il n'a pas perdu toute son humanité, contrairement au Pasteur Noé.

Au niveau du style, ce livre n'est pas très agréable à lire, il est écrit dans une langue crue et argotique. Je me doute bien que des voyous ne parlent pas à l'imparfait du subjonctif, du moins pas ce style de voyous (on n'est vraiment pas dans le monde huppé de la haute finance et des délits qui vont avec !), mais quand même, je n'apprécie pas du tout ce langage souvent très vulgaire. Les héros se réfèrent sans cesse à des chansons de Bon Jovi, de Guns N Rosies et d'autres groupes de rock ou de hard rock et l'auteur nous gratifie de larges extraits de ces chansons, qui sont souvent aussi peu raffinées que le reste du texte. Les autres références culturelles des personnages sont centrées sur des séries américaines anciennes et des dessins animés japonais. D'ailleurs Noé dans sa folie confond les paroles de Dieu et celles des chansons. Rien de tout cela ne fait partie de mon univers culturel et j'avoue que je n'aurais pas dépassé dix pages de ce livre si je n'y avais pas été obligée. Au final, j'ai apprécié le personnage de Perro, dont l'humanité émerge peu à peu dans ce déluge de violence, mais la langue du texte est pour moi un défaut rédhibitoire, même si je comprends sans peine l'intention de l'auteur. Je ne suis pas sûre qu'il soit indispensable d'être si vulgaire pour évoquer le monde de la délinquance.

Lien : https://patpolar48361071.wor..
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}