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Critique de fanfanouche24



« J'ai toujours sacralisé mon père, sans vergogne, avec l'acharnement du disciple, avec la bêtise de Cléanthe, parce qu'il avait un sacré non pas en lui, mais auquel il donnait accès, un au-delà de lui qui aspirait mon attention et la soufflait plus loin, vers un au-delà qui n'était pas religieux, mais qui l'était peut-être un peu, comme est un peu religieuse ou sacrée la beauté du ciel au-delà de la frondaison des arbres. »

Un hasard des plus grands que cette lecture empruntée à ma médiathèque, en fouinant.. ; un hommage vibrant d'une fille à un père, écrivain, vénéré.. . en faisant quelques recherches je me rends compte que j'ai parcouru des textes du « Papa », avec « Les miroirs de l'âme » (les journaux intimes), et un texte plus personnel sur sa maman « Devant ma mère »…

Ce récit n'est pas que personnel !... C'est un heureux croisement de l'histoire individuelle du père de l'auteure, et la grande Histoire, ainsi que la vie intellectuelle et politique dans les années soixante…

Dans ce livre très intime, sa fille Yaël , livre à la fois ses émotions quant au manque abyssal creusé par la mort de ce père adoré et « sacralisé »…ainsi que son parcours brillant d'écrivain, essayiste et professeur de littérature ! Une lecture aussi instructive que très , très dense en émotions !

« A seize ans, mon père était un taiseux. Son père exigeait de lui qu'il respecte les traditions juives. Mais il lui préférait rêver devant les couvertures de la collection "Essais" chez Gallimard que de plonger dans la lecture de livres écrits à l'envers. (...) Ecrire et penser, c'est la même chose, se disait-il, exalté. Il voulait être écrivain. Il voulait penser. Il n'y a pas d'études précises pour devenir écrivain, mais faire des études était une obligation morale, quasi religieuse. (p. 11)”

Yaël Pachet exprime toute la reconnaissance possible à ce père qui lui a tant transmis…Un très rare récit d'une fille à son père,à l'Homme et l'Intellectuel exigeant, à l'homme engagé…à l'Homme fidèle en amitié, homme d'écoute…

« Comment penser est lié à la question: comment on vit. (p. 160)”-

Une magnifique lecture qui me restera durablement en tête… Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce texte, abordant de multiples sujets et questionnements, sur La Vie, la Mort, les traumatismes des guerres, des régimes totalitaires, la transmission des parents à leurs enfants , les racines et vastes histoires familiales, la double nécessité d'une vie intérieure, intellectuelle…pour construire une réflexion véritablement indépendante, autonome, solide , en dehors des pressions sociales du moment, etc.
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