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EAN : 9782213714196
Fayard (21/08/2019)
3.24/5   19 notes
Résumé :
La fille d’un écrivain mesure, après la mort de ce dernier, l’étendue de ce qu’il lui a légué en lui léguant le goût des livres, de l’écriture et de la vie intérieure.

Il faut écrire.
Jamais mon père n’en formulait aussi clairement l’injonction, mais c’était ce que je ressentais à ses côtés. Il me demandait toujours si j’étais en train d’écrire comme on prend des nouvelles d’un proche.
Dans son enfance tourmentée, alors qu’il se plaignai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
°°° Rentrée littéraire 2019 #8 °°°

« Je me propose de faire en sorte que sa mort ne soit pas un choc sourd dans ma vie, et si je voulais dire l'ambition de mon propos, ce serait de danser une dernière fois avec lui – mais qui serait aussi la première fois avec lui – et, dans ce mouvement, de vérifier que je suis encore bien vivante, que je ne suis pas morte avec lui. Ne pas mourir étant la vraie, la seule cause de l'écriture, à mon sens »

L'auteur a perdu son père en 2016. Pierre Pachet, universitaire, écrivain, essayiste, critique littéraire. Un père charismatique, intellectuellement puissant, bienveillant, quasi divin aux yeux de sa fille.
De cette épreuve, elle a tiré un livre entre récit autobiographique, saga familiale, méditation juste sur le deuil et la filiation, et introspection très intime. La plume est belle, brillante, les phrases révèlent une écriture très soignée, intelligente et vibrante, de haute volée.

Malgré ces qualités certaines, mon intérêt pour cet ouvrage a varié au fil des pages. J'ai trouvé passionnantes les pages narrant l'histoire de la famille de Pierre Pachet, en fait l'histoire de beaucoup de Français d'origine juive : depuis l'arrivée des grands-parents en France, venus d'Odessa et de Lituanie, la politique antisémite de Vichy, la Shoah, le refus de se déclarer comme « juif » durant la Deuxième guerre mondiale, le changement de patronyme qui sauve la vie.

Yaël Pachet pense comme elle respire et écrit comme si elle était en train de penser avec moultes digressions, on a l'impression d'être dans sa tête. Si souvent je me suis dit que tout ce qu'elle disait sur le deuil et sa relation à son père était juste et profond, je ne suis pas parvenue à aller au-delà, je n'ai pas été autant touchée que je l'aurais aimé. Peut-être parce que je ne suis pas parvenue à trouver de l'universel dans ses propos. On sent chez elle tellement d'amour et d'admiration pour un père vraisemblablement admirable que je n'ai pas réussi à me glisser assez entre elle et lui pour partager ses pensées.

Lu dans le cadre du jury Coup de coeur des lectrices Version Femina

PS : je suis tombée sur ce texte de Yaël Pachet ( septembre 2018 ) concernant les tags antisémites retrouvés sur la plaque commémorative en l'honneur de son père à Paris ... je l'ai trouvé lumineux https://www.liberation.fr/france/2018/09/30/yael-pachet-mon-pere-n-avait-pas-peur-d-etre-juif_1682220
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« J'ai toujours sacralisé mon père, sans vergogne, avec l'acharnement du disciple, avec la bêtise de Cléanthe, parce qu'il avait un sacré non pas en lui, mais auquel il donnait accès, un au-delà de lui qui aspirait mon attention et la soufflait plus loin, vers un au-delà qui n'était pas religieux, mais qui l'était peut-être un peu, comme est un peu religieuse ou sacrée la beauté du ciel au-delà de la frondaison des arbres. »

Un hasard des plus grands que cette lecture empruntée à ma médiathèque, en fouinant.. ; un hommage vibrant d'une fille à un père, écrivain, vénéré.. . en faisant quelques recherches je me rends compte que j'ai parcouru des textes du « Papa », avec « Les miroirs de l'âme » (les journaux intimes), et un texte plus personnel sur sa maman « Devant ma mère »…

Ce récit n'est pas que personnel !... C'est un heureux croisement de l'histoire individuelle du père de l'auteure, et la grande Histoire, ainsi que la vie intellectuelle et politique dans les années soixante…

Dans ce livre très intime, sa fille Yaël , livre à la fois ses émotions quant au manque abyssal creusé par la mort de ce père adoré et « sacralisé »…ainsi que son parcours brillant d'écrivain, essayiste et professeur de littérature ! Une lecture aussi instructive que très , très dense en émotions !

« A seize ans, mon père était un taiseux. Son père exigeait de lui qu'il respecte les traditions juives. Mais il lui préférait rêver devant les couvertures de la collection "Essais" chez Gallimard que de plonger dans la lecture de livres écrits à l'envers. (...) Ecrire et penser, c'est la même chose, se disait-il, exalté. Il voulait être écrivain. Il voulait penser. Il n'y a pas d'études précises pour devenir écrivain, mais faire des études était une obligation morale, quasi religieuse. (p. 11)”

Yaël Pachet exprime toute la reconnaissance possible à ce père qui lui a tant transmis…Un très rare récit d'une fille à son père,à l'Homme et l'Intellectuel exigeant, à l'homme engagé…à l'Homme fidèle en amitié, homme d'écoute…

« Comment penser est lié à la question: comment on vit. (p. 160)”-

Une magnifique lecture qui me restera durablement en tête… Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce texte, abordant de multiples sujets et questionnements, sur La Vie, la Mort, les traumatismes des guerres, des régimes totalitaires, la transmission des parents à leurs enfants , les racines et vastes histoires familiales, la double nécessité d'une vie intérieure, intellectuelle…pour construire une réflexion véritablement indépendante, autonome, solide , en dehors des pressions sociales du moment, etc.
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« Russe, jeune étudiant sans ressource, cherche emploi quelconque. Ecrire à Opatchevsky, 57 boulevard Saint-Marcel, à l'hôtel » petite annonce parue dans le journal le Matin du mercredi 26 aout 1914. Simkha deviendra médecin, le père de l'écrivain Pierre Pachet et le grand-père de Yaël Pachet.

Le jeune homme transformera Opatchevsky, patronyme dangereux durant l'occupation, en Pachet et veillera à donner des prénoms chrétiens à ses enfants. Pourtant le 28 septembre 2018 un tag antisémite est découvert sous une plaque commémorative au nom de Pierre Pachet son fils.

Pierre Pachet, essayiste, professeur d'université, pur penseur de la littérature et écrivain de l'intime, Pierre Pachet mort le 21 juin 2016.

Pour Yaël Pachet, sa fille, il faut écrire, comme pour répondre à une injonction jamais formulée. Alors Yaël écrit, sur son père bien sûr, mais aussi sur sa mère, sur ses grands-parents et sur son chagrin.

Poésie du corps, poésie de la mort, poésie de la vie.

Récit d'un deuil, déroulement fragmenté d'une biographie familiale, Nazis, Bolchéviques, Beatniks, collage intime sur les bouleversements du Monde au XXe siècle.

Dans ce court récit pudique et impudique Yaël Pachet nous donne à lire le portrait magnifique d'un père écrivain.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le livre est appelé roman par l'auteur. Alors que pourtant, il s'agit d'une narration à la première personne, et que les événements évoqués sont à priori autobiographiques. Mais le choix d'un auteur a toujours du sens : la dénomination roman laisse peut-être entendre une transformation du réel, un travail autour des souvenirs, certains éléments sont par moments visiblement fantasmatiques.

Au-delà de la narratrice-auteure, le personnage principal du livre est la père, ou peut-être les relations avec le père, la façon dont cet homme a façonné la façon d'être, les représentations, les préférences de sa fille. Pierre Pachet, universitaire et écrivain, avait de quoi marquer. Amoureux des livres, de la littérature, il a donné le goût, voir la nécessité d'écrire à sa fille. Elle revendique sa filiation : au-delà du père, celui de ses grand-parents paternels juifs, venus des confins de l'Europe, de l'ancien empire tsariste, qu'ils ont quitté compte tenu du manque des perspectives, échappant à la destinée tragique de la majeure partie de leur famille pendant la seconde guerre mondiale. le lien avec ce passé ne s'est pas rompu, il compte visiblement beaucoup pour Yaël Pachet. La mère et sa famille bretonne, même s'ils apparaissent, sont par comparaison au second plan, peut-être en partie parce que cette mère est morte des années avant le père. Mais le lien père-fille semble de toutes les façons le plus fondateur.

Yaël Pachet s'interroge sur ce lien, sur sa force, sur sa richesse, même si elle n'idéalise pas Pierre Pachet, elle évoque certaines réactions, certaines attitudes moins glorieuses. Mais d'une certaine façon, cela semble un peu artificiel, comme s'il fallait absolument le faire, pour se donner une sorte de caution, sans donner la sensation qu'elle trouve ses souvenirs moins positifs très graves au fond. Un peu en désordre, nous évoquons quelques moments importants, ceux de l'enfance, des moments clés, des échanges plus anodins aussi en apparence, mais toutes les vies humaines et toutes les relations contiennent surtout ces instants-là, qui sont au final la trame fondamentale de toute vie. Nous avançons progressivement vers la fin inéluctable, les moments où la fille devient la mère de son père qui perd ses capacités, et le moment de la séparation définitive dans la mort.

Le livre est sans conteste très sincère, Yaël Pachet essaie de rendre compte de cette relation si importante, et au-delà, tente de définir ce qui constitue l'essence de toute vie humaine. Il y a quelques beaux passages. Toutefois, je dirais que l'auteure n'a pas complètement les moyens de son ambition, et tout particulièrement en ce qui concerne l'écriture. Il y a visiblement une tentative d'une écriture littéraire ambitieuse, d'images, de métaphores, mais elle m'a semblé un peu laborieuse au final. On devine ce qu'elle aurait voulu faire, et c'est incontestablement touchant parfois, mais à mon sens, ce n'est pas complètement abouti.
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C'était comme ça qu'on les considérait, les écolos, à l'époque, tout le monde était d'accord avec ça, les écolos sont des fumistes, des clowns tristes, des faux prophètes. Nous sommes au début des années quatre-vingt. (p. 10). Oups 😬 je viens de me rendre compte que je me suis trompée de case, ce n’est pas une critique mais une citation !
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critiques presse (2)
LaCroix
12 septembre 2019
Avec une très grande sensibilité, Yaël Pachet rappelle le souvenir de l’écrivain Pierre Pachet, disparu il y a trois ans.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeMonde
30 août 2019
Mue par l’adoration qu’elle lui vouait mais aussi l’impérieuse nécessité de l’écriture, qui avait irrigué la vie de son père, Yaël ­Pachet lui consacre un livre intime et lumineux, à la fois journal de deuil, au plus juste des émotions et des sentiments, et fresque identitaire et familiale.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
« L’histoire familiale personnelle, lorsqu’elle est indissociable de catastrophes historiques, génère une pudeur, parfois même un désir de laisser dans le noir ce qui est dans le noir. La pudeur des grands-parents sur les circonstances de la mort de leurs propres parents a été un commandement difficile à respecter et à accepter. On ne sait plus si on a hérité de leur pudeur ou si l’on est soi-même gêné de fouiller le passé : car ce passé de nos aïeux, dans quelle mesure nous appartient-il ?
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A seize ans, mon père était un taiseux. Son père exigeait de lui qu'il respecte les traditions juives. Mais il lui préférait rêver devant les couvertures de la collection "Essais" chez Gallimard que de plonger dans la lecture de livres écrits à l'envers. (...) Ecrire et penser, c'est la même chose, se disait-il, exalté. Il voulait être écrivain. Il voulait penser. Il n'y a pas d'études précises pour devenir écrivain, mais faire des études était une obligation morale, quasi religieuse. (p. 11)
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Le désir des étudiants de sauver le monde était tout entier là, au pied de la tour, dans le vent. Mais ils étaient soupçonnés d'avoir trouvé dans l'activisme écologique un simple alibi pour ne pas aller en cours. C'était comme ça qu'on les considérait, les écolos, à l'époque, tout le monde était d'accord avec ça, les écolos sont des fumistes, des clowns tristes, de faux prophètes. Nous sommes au début des années quatre-vingt. (p. 10)
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Il aimait se pencher vers de micro-événements de la vie consciente, vers la frange du tapis de ce qui tisse nos journées, la conscience de soi, l'endormissement, l'angoisse même, conscience errante, mais coiffée d'une lumière de mineur, n'explorant pas forcément une profondeur, mais une définition du soi dans ses limites, dans ses ourlets, dans les boutonnières qui ponctuent notre vie.
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Chacune des photos qu'il aura prises est une rencontre, qui dégèle tout, même ce que l'amitié institutionnalisée aurait pu rigidifier, à force. chaque visage est un nouveau monde. Une proposition. Une possibilité.
Toutes ces personnes photographiées se prêtent à l'exercice. On voit bien leur bonne volonté face au désir de mon père de les prendre en photo. Ce n'est pas si facile, il y a de la résistance, de la pudeur ou parfois de la gêne sur les visages ou dans les corps, mais ça ne donne que plus de prix à l'acceptation. Et personne ne pose pour la postérité, tout se joue dans l'instant, dans l'improvisation. la vie, maintenant. (p. 249)
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Videos de Yaël Pachet (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yaël Pachet
Dans cet épisode de Réelles fictions, le professeur de littérature Pierre-Louis Fort parle d'Avant que j'oublie, un roman d'Anne Pauly. Il aborde l'écriture du deuil, le style particulier de l'autrice et le roman familial.
Réelles fictions est une série de podcasts qui présentent les cinq romans sélectionnés pour le prix Effractions. Ce prix récompense un roman qui entretient un lien fort avec le réel ; il est remis par la Bibliothèque publique d'information et la Société des Gens de Lettres pendant le festival littéraire « Effractions » en mars 2020.
Références citées dans le podcast : Simone de Beauvoir, Une mort très douce, Gallimard, 1964. Jacques-Bénigne Bossuet, Sermon sur la mort : et autres sermons, Flammarion, 1996. Jacques-Bénigne Bossuet, Oraisons funèbres, Garnier, 1988. Albert Cohen, le Livre de ma mère, Gallimard, 1954. Annie Ernaux, La Place, Gallimard, 1984. Annie Ernaux, Une femme, Gallimard, 1988. Annie Ernaux, Je ne suis pas sortie de ma nuit, Gallimard, 1997. Philippe Forest, L'Enfant éternel, Gallimard, 1997. Stéphane Mallarmé, Pour un tombeau d'Anatole, Gallimard, 1961. Yaël Pachet, le Peuple de mon père, Fayard, 2019. Extrait lu : Anne Pauly, Avant que j'oublie, page 16 © Verdier, 2019.
Cet épisode a été préparé par François Patriarche. Lecture : Denis Cordazzo. Réalisation : Camille Delon et Renaud Ghys. Musique : Thomas Boulard. Merci aux éditions Verdier, à Inès Carme et à Blandine Fauré. Ce podcast a été enregistré dans les studios du Centre Pompidou.
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