AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de pasiondelalectura


Celui-ci est le premier livre de l'auteur Padura sans l'inspecteur Mario Conde, l'ineffable Mario Conde.
C'est un roman complexe, polyphonique qui va notamment nous narrer la vie du poète cubain Jose Maria Heredia (1803-1839), le premier poète romantique américain, connu aussi comme « le chantre du Niagara ».
A ne pas confondre avec Jose Maria de Heredia (1842-1905), un autre poète cubain et cousin du premier.
Il y a 3 piliers narratifs dans ce livre : la biographie du poète mort si jeune de tuberculose aux USA, l'histoire de son fils Jose de Jesus Heredia et enfin l'histoire du poète fictif moderne, Fernando Terry.
C'est un ouvrage sans chapitres, mais des paragraphes qui vont s'espacer de façon plus marquée quand nous changeons d'époque ou de personnages. C'est assez réussi comme agencement du texte car le lecteur ne perd pas facilement le fil conducteur.
La narration démarre par l'histoire de Fernando Terry qui doit fuir Cuba. Car on l'accuse de ne pas avoir dénoncé son ami Enrique qui voulait s'enfuir.
Terry menait une vie agréable à La Havane où, après des études de lettres, il occupait une charge universitaire honorable. Pendant ses études et avec plusieurs autres camarades, ils avaient fondé un groupe très soudé autour de la littérature et de la poésie, groupe qu'ils avaient baptisé Les Sournois (« Los Socarrones » traduit dans la version française par « Les Merles Chanteurs »…?). Alors que Enrique, membre du groupe avait l'intention de fuir Cuba, Fernando Terry est accusé de ne pas avoir dénoncé cette intention de fuite à la police; du coup on lui supprime sa charge. En définitive, il est amené à fuir l'île. Il le fera à partir du port de Mariel, comme les 125 000 autres cubains partis en 1980; on les surnommait « los marielitos ».
Dix huit années après Terry demande l'autorisation de revenir pour essayer de récupérer des mémoires De Heredia et en même temps d'affronter ses anciens camarades afin de savoir qui l'avait trahi.
Jose Maria Heredia avait écrit ses mémoires pour un fils naturel qu'il n'avait pas connu, fruit de ses amours de jeunesse avec Lola Junco, une beauté de l'époque. Il avait fui l'île à cause de ses idées indépendantistes qui déplaisaient à la couronne espagnole, mais aussi à cause de ses idées anti esclavagistes et de ses aspirations de démocratie.
Après un passage mouvementé au Mexique où il s'est marié, il a terminé son exil aux USA où il est décédé. Quand il a su qu'il était malade et condamné, il a demandé une autorisation de retour à Cuba afin de dire adieu aux siens; un permis de 4 mois lui a été accordé toutefois à condition qu'il se rétracte publiquement de ses idées politiques.
J'ai trouvé qu'il y avait certaines similitudes entre Fernando Terry et Heredia : tous les deux poètes, tous les deux doivent fuir Cuba dans des conditions dramatiques, tous les deux seront trahis, les deux aimeront des femmes qui épouseront d'autres hommes et tous les deux ne pourront revenir au sol natal que très peu de temps. La grande différence entre les deux hommes tient à l'engagement politique De Heredia alors que Terry, bien que « marielito », ne proférera aucune critique contre le régime castriste (prudence ou auto-censure de l'auteur?). Seulement en toile de fond, on perçoit quelques critiques sur le contrôle exercé envers les élites intellectuelles par ce régime , mais sans diatribes sur l'orthodoxie idéologique, les abus de pouvoir, les chantages en tout genre.
Et Fernando Terry et Leonardo Padura ont aussi des points communs mais une différence fondamentale : Terry a fui l'île et Padura est resté. Lorsque Terry affronte ses anciens amis, un par un, l'écrivain Padura se positionne parmi ceux qui ont choisi de rester, même si cette position oblige à une auto censure modérée dans la critique, voire à un silence.

Il y a dans le livre plusieurs sujets de réflexion qui se prêteraient à débats.

Lien : https://pasiondelalectura.wo..
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}