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Critique de bdelhausse


Voici un recueil de 23 ... textes... (ce ne sont pas des nouvelles, que nenni!) de l'écrivain du transgressif Fight Club. de quoi cela cause-t-il... de tout et de rien. Mais surtout du processus d'écriture, dans une sorte d'approche méta-littéraire... Soyons plus précis.

Le recueil, comme souvent, n'a aucune homogénéité, mélangeant des portraits, des articles de presse, des nouvelles ou des interviews réécrites. Clairement, on a essayé de recréer une homogénéité a posteriori, grâce à la très belle préface de l'auteur. de quoi parle cette préface? du processus de l'écriture. Des ateliers d'écriture. Des influences, des sources, de l'importance d'introduire le vécu et le réel dans l'écrit. C'est la profession de foi de Chuck Palahniuk.

Amen. A quoi on peut ajouter c.u.l., b.i.t.e., c.o.u.i.l.l.e... vu qu'on ne peut renier ses origines...

Et c'est là une des (nombreuses) choses qui me gênent dans ce recueil. La nécessité de mettre un titre aguicheur, alléchant... alors que le titre anglais original "Stranger than fiction" est bien plus parlant et bien plus indiqué. Puis on démarre par le texte sur le Festival de la Couille... le "Testy Festy" (de nouveau, le titre aurait pu ne pas être traduit en français). Ce texte parle autant de chattes que de couilles... voire davantage. La traduction escamote le lien entre "Testy" et "Tasty". Dommage. Ce texte s'éloigne du simple journalisme et constitue une nouvelle de bonne facture.

Palahniuk est catalogué... Si on n'a pas quelques fellations, sodomies, pédés, et autres "monstres transgenres"... (j'ironise, inutile de m'agonir d'insultes) on n'est plus dans du Palahniuk. On ne va pas retrouver "son" auteur. Un peu comme quand Brett Ellis ne parle plus de meurtres et de cocaïne... ou quand Irvine Welsh ne massacre plus de bébés sous ecstasy... autres auteurs transgressifs à qui le lecteur réclame sa dose de politiquement incorrect.

Passons rapidement les textes en revue... J'ai apprécié (à des degrés divers):
- Vous êtes ici : l'ambiance abomiable d'une foire littéraire où des apprentis auteurs ont 7 minutes pour présenter leur texte... ce qui donne lieu à de puissantes réflexions de Palahniuk sur le processus d'écriture et le sens de nos actes.
- Ma vie de chien : deux persones déguisées en dalmatien et en ours se baladent en ville et dans un centre commercial...sous les insultes, coups et quolibets, menaces, regards des passants et des sevices de sécurité... un bijou, trop court, où Palahniuk critique une certaine Amérique.
- Frontières : un texte fort personnel sur la gonflette et le dopage.
- Amy : une descente dans l'univers littéraire de Palahniuk, via les ateliers, où il décrypte le minimalisme d'Amy Hempel, et son influence sur lui (et d'autres), un must pour les écrivains en herbe.
- Erreur humaine : un portrait tendre et caustique d'un illuminé qui construit une fusée et entend rapprocher les USA et la Russie.

Enfin il y a les 7 textes, plus courts que les autres, repris sous la section "Seul", qui sont encore davantage autobiographique et sont souvent empreints d'autodérision et de critique de l'Amérique conservatrice, bigote et bien-pensante. Celui où Palahniuk se rase le crâne avec une crème dépilatoire avant d'aller à Hollywood... parce qu'il ne veut pas avoir une coupe de cheveux abominables et se balade donc avec des croûtes purulentes dans les studios de cinéma, est un bijou d'humour.

A l'opposé, il y a des textes soporifiques. Vides de sens, ou presque. On y voit seulement la grande aptitude de Palahniuk à manier la plume. On voit aussi comment il arrive à intégrer la réalité dans la fiction. Comment sa vie lui a servi à écrire. Comme dans le texte où il parle de son job d'escort boy pour des malades en phase terminale. C'est tendre et empathique. C'est beau.

Car il y a aussi cette lecture-là... celle qui critique une société où les libertés diminuent, où les conservatismes montent, où les mentalités se referment... et dans une telle société, il y aura toujours un Palahniuk pour écrire des romans transgressifs.

Cela étant, ce recueil est surtout destiné à celles et ceux qui envisagent d'écrire, àmha.
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