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Critique de Gabylarvaire


Il y a quelques années, je suis tombée sur un article qui prétendait que les femmes qui se suicidaient, ne touchaient pas à leur visage. Elles prenaient des médicaments, se tailladaient les veines…Elles pensaient peut-être pouvoir rester jolies même dans la mort, édifiant leur frivolité, jusque dans les tréfonds de l'horreur tragique. Des sortes de Belle Au Bois dormant macabre, les cheveux bien étalés sur les draps;
Je vais me maquiller,
Je vais me coiffer,
Je vais mettre mes plus beaux bijoux
Je serais épilée,
J'aurais ma plus belle robe de soie rouge...
Alors j'étais surprise en lisant le doc le Cinéma X de Jacques Zimmer, d'apprendre que certaines actrices pornos, lorsqu'elles se suicidaient, se foutaient une balle dans le crâne, laissant ainsi échapper une partie de leur cervelle et autres substances peu ragoutantes, intestins vidés avant? Probablement pas. Rappelant, ainsi que la souillure est humaine. Peut-être serait-ce intéressant de faire une étude sociologique sur le choix du suicide des femmes en fonction de leur vécu ?
Peut-être n'est-ce pas si intéressant.

Actrice porno.
Voici une motivation bien surprenante, que je ne peux pas comprendre. Même après avoir lu Porno Manifesto d'Ovidie, je ne comprends toujours pas. Argent facile avec son corps ? Ne le vendons-nous pas d'une autre manière ce corps ? Je crois que c'est surtout le fait que des inconnus me touchent qui m'horrifient. Hôtesse de caisse, je me fais moins d'argent, mais mes six-cents clients ne me tripotent pas… Si le monde du travail nous chosifie comme des pions sur un échiquier, ce serait une erreur de croire que le monde subversif du porno est différent, c'est juste qu'il rapporte plus de frics...
J'ai connu brièvement une actrice porno. J'éprouvais beaucoup de jalousies : le regard des hommes sur elle, ils la sacralisaient comme une Aphrodite des temps modernes. Et en même temps, je n'aurais pas voulu être à sa place, ou je n'aurais pas pu. Je la trouvais courageuse. Je la trouvais libre. Tandis, que je prenais conscience que la lutte pour le respect de mon corps serait difficile, je me demandais comment le serait-il pour une femme qui utilise tous ses orifices pour de l'argent ? Quel est son combat ? Il y'en a eu des féministes, comme Ovidie mais également Annie Sprinkle. Et peut-être que dans un autre monde, nous les aurions élevées au rang de déesses.
Mais les hommes cassent les poupées.
Ils enlaidissent, brutalisent, chosifient, et cette femme, au corps absolument sublime, aux fesses bien rondes, à la chevelure de rêve, à la chair veloutée, était à la fin de son ouvrage libidineux, qu'un morceau de viande dégoulinant d'un surplus de maquillage et de fluides, avec des bleus, des cheveux ébouriffés, poisseux, puants... Elle ressemblait à un steak recraché. Si nous sommes capables d'admirer Rolla de Henri Gervex, ou admirer L'Origine du Monde de Courbet, qu'en serait-il si nous pouvions les toucher à notre convenance ? La nudité n'est pas de la pornographie, mais à quel moment, pouvons-nous considérer que l'image renvoyée est ou n'est pas de la pornographie? Lorsqu'elle est souillée.

Je jalousais son corps admiré mais je ne jalousais pas le moment où il était souillé.

Si vous avez vu la série Dietland, adapté du roman de Sarai Walker (in)visible, vous repenserez au moment où Prune réalise qu'être une femme magnifique ne suffit pas pour avoir le respect des hommes... Ce moment, c'est lorsqu'elle assiste à une scène porno avec une actrice qu'elle enviait pour sa beauté...

****

Eh Palahniuk ! Qu'est-ce que tu trafiques avec ton personnage, transformé en torchon à foutres, se plombant de bites de six-cent hommes comme des coups de fusil sur le corps ? Tu la sacralises ou tu la chosifies ?
Avec un titre comme Snuff, on comprend assez rapidement que quelque chose d'encore plus moche va arriver…
Tandis que je tente de comprendre cette femme qui ne semble pas au comble de la joie, Palahniuk fait également le choix de donner la voix aux hommes qui attendent leur tour dans les coulisses de la lascivité. Je pense qu'il faut un certain état d'esprit pour participer à un Gang bang médiatique avec 600 ans autres mecs. Beaucoup d'hommes ne le feraient pas, même contre de l'argent, même avec la plus belle du monde...
Tentons de comprendre les motivations de Cassie mais également tentons de comprendre celles des hommes, qui, si elles n'étaient réduites qu'à se vider les gonades, ne feraient pas un roman…

Adieu romantisme, adieu érotisme,
adieu même, Dark romance propre.

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