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Critique de Soukiang


Plus que le titre éponyme, ce sont ces courants d'air inattendus, ces bruits suspects que l'on voudrait ne pas (plus ?) entendre, ces hors champs comme dans ces films d'horreur ou thrillers psychologiques parfois, ce n'est pas tant de voir l'apparition des monstres en chair et en os qui vous feront obligatoirement dresser l'échine, de ne pas savoir, d'être confronté à l'inconnu surgi de nulle part ou du tréfonds des abysses, il faut accepter l'idée qu'il existe peut-être des forces surnaturelles dépassant l'entendement, de mettre en suspens son côté pragmatique ou rationnel avant de plonger dans cet univers diabolique, quand vous entendrez l'appel du diable, vous aurez alors deux alternatives, subir la pression intra-crânienne jusqu'au point de non-retour ou filer dare dare dans son nid douillet, au pays des bisounours ...

Bienvenue à Dabort !

Ce que j'apprécie dans les romans dits d'atmosphère, ceux que je qualifierai volontiers de personnage à part entière ou au moins égale avec son homologue humain, la maison et tout ce qui la rattache, chaque objet laisse une trace de son sillage, les secrets d'un passé que l'on aurait volontiers occultés à jamais, l'auteur belge prend le temps d'installer le lecteur dans son univers si particulier, si inconfortable, de distiller un poison invisible, une ambiance claustrophobique pour mieux se perdre dans les méandres de la mémoire des lieux, se nourrir des fruits de la passion, enivrante ou fatale, chaque faits et gestes en disent aussi long sur les prémices d'un drame en puissance que l'amour en quête de rédemption, âmes sensibles s'abstenir. Ou pas.

Comme lors d'une réunion d'amis, on évoque d'abord le bon temps avant de passer aux choses sérieuses, cette montée d'adrénaline insuffle une énergie contagieuse, difficile de ne pas se laisser happé par des scènes choc, si la violence laisse exprimer sa signature, le champ d'exploration des stigmates humaines n'a jamais paru aussi vaste à l'idée d'en faire le tour du propriétaire, cette impression de parcourir des kilomètres avec toute l'énergie du désespoir, le souffle irrégulier, c'est aussi le but des lectures dites addictives, en un mot un page turner.

Repousser les frontières de l'imaginaire, traquer des ombres c'est prendre des risques, d'oser, de flirter avec les limites acceptables de la culpabilité et du désir tabou, emprunter les sentiers de la folie menaçant d'engloutir à jamais et les protagonistes et peut-être la maison, ces instants qui vous font douter de vos certitudes, rien ne pourra jamais vous enlever ce poids tant que vous ne franchirez pas la porte, métaphore de tout ce qui constitue l'essence de l'humanité dans ce qu'elle peut engendrer, pour le meilleur mais aussi l'indicible.

Cette dynamique à deux vitesses, le temps suspendu et l'accélération des mouvements imprévisibles reflètent l'état d'esprit des personnages, évoluant qui dans des dimensions à plusieurs échelles, qui dans un quotidien chamboulé, il en résulte une belle étude de caractères, des êtres soumis malgré eux à la progression de l'histoire, laquelle ne cessera de donner du fil à retordre au lecteur, fut-il ou non rompu à l'exercice, démêler le vrai du faux, des chimères peuvent naître des feux inexplicables, de la lumière à l'obscurité, de la raison au délire le plus complet, il n'y a qu'une mince frontière et quel voyage, quel trip horrifique !!!

Comme toujours dans ces romans à tiroirs, rien n'est toujours facile d'appréhender tous les rouages, plus d'une fois l'esprit torturé de chacun des protagonistes suscitera des interrogations, un thriller qui pourrait s'intituler Descente aux enfers d'une famille ordinaire, cette dernière qui se voudrait pourtant comme l'épicentre rassurant, allégorie ou effets pernicieux d'un mal plus profond au sein d'une structure censée trouver un équilibre ?

Chaque personnage bénéficie d'une voix au chapitre, cette alternance dans la narration avant le final explosif pourra déstabiliser par par des ressorts dramatiques incessants, c'est le but avoué pour celui qui voue un culte infini à son mentor ou devrai-je dire simplement sa majesté Stephen King, je voudrais saluer par ailleurs la superbe couverture qui donne déjà le ton de ce qui attend le lecteur, c'est une histoire déstabilisante à souhait, un malaise irrespirable et grandissant au fil des pages, jusqu'à ce que toutes les réponses tombent les unes après les autres, comme ces feuilles d'automne en devenir, peut-être sera-t-il alors trop tard lorsque la porte claquera une nouvelle fois ... CLINK !

Le thriller atteint un palier supplémentaire dans la quintessence du genre, quand vous le mixez avec des zestes d'horreur viscéral, une plume percutante vous couchez sur papier, de le saupoudrer de personnages à la fois ambigu et machiavélique, de l'arroser d'une atmosphère délétère à volonté, cela donne une délicieux et frissonnant moment à savourer ...

Il ne vous reste alors plus qu'à franchir cette Porte de Samuel Palladino et vous saurez !
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