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Critique de thedoc


Enorme coup de coeur !

Gloria travaille comme assistante sociale à « Il Game », un centre d'accueil pour mineurs victimes de violences, physiques et/ou psychologiques. La jeune femme se dévoue entièrement à son travail qui, financièrement, ne lui permet de gagner convenablement sa vie pour enfin quitter le domicile de ses parents. Mais peu importe pour Gloria. L'essentiel pour elle est d'apporter son aide à ces enfants et de les aider à se reconstruire. Au fil d'une narration à la première personne, nous découvrons le quotidien de Gloria et l'histoire de trois enfants qui l'ont marquée : Angelo, Valentina et Greta.

L'auteure de « Gloria », Almudena Pano, nous le comprenons dès la première page, a fait des études de graphisme et d'illustrations à l'Académie des Beaux Arts de Bruxelles. C'est ce qui a accroché mon regard en premier : des dessins à l'aspect naïf, très colorés, en rondeurs. Des dessins que j'ai adorés par leur esthétisme à la fois sobre et faussement léger, tout simple, qui apportent au récit une intensité particulière. Il fallait oser ce choix graphique pour nous parler de la souffrance des enfants, qu'il s'agisse de maladies mentales comme la schizophrénie d'Angelo ou plus particulièrement dans cet ouvrage, le sujet de l'inceste avec Valentina et Greta. Ce dernier thème n'est pas simple à traiter, en bande dessinée notamment, mais Almudena Pano y parvient très bien, avec pudeur, douceur et réalisme. A travers l'histoire des deux petites-filles et des personnages qui leur viennent en aide, on découvre les mécanismes de l'inceste, ce qui se met en place entre le bourreau et la victime. Sans tabou, on nous dévoile la psychologie de l'incesteur et ce qui se passe dans l'esprit de la victime. Certains propos peuvent choquer. C'est normal car ils sont réalistes et difficilement acceptables pour nous. Certaines scènes de violence, notamment avec Angelo, peuvent faire peur. C'est normal, la schizophrénie est une maladie effrayante, et comme toutes les maladies mentales, elle se vit dans la honte. Il s'agit malheureusement ici d'histoires vraies, ce qui rend cette narration encore plus puissante.
A travers ces histoires, c'est également la société et un système judiciaire qui sont remis en cause. Une société qui trouve que sous-payer des personnes qui sont parfois le seul espoir pour ces enfants est normal et une justice qui fait tout son possible pour que le doute profite à l'incesteur.

Alors arrive Gloria, jeune et dévouée, et « Gloria », c'est un cri au milieu du silence pour qu'enfin, enfin, les gens ne détournent plus les yeux face à la souffrance de ces jeunes qui portent en eux, en plus, le poids de la culpabilité. Gloria, et toutes ces personnes du « social », qui vivent leur métier avec empathie, comme une mission, sont souvent l'élément déclencheur qui va permettre à ces enfants de se lancer sur la voie de la reconstruction. Cet ouvrage leur donne la parole et toute la place qu'ils méritent.

Merci infiniment à Almudena Pano pour cet ouvrage qui m'a bouleversée et bien sûr à Babelio et aux éditions Rue de l'Echiquier pour me l'avoir fait découvrir.
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