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Critique de Bazart



J'ai réussi, malgré mon emploi du temps un peu (sur) chargé, à lire le roman de Line Papin quelques heures avant la rencontre programmée avec elle par sa maison d'édition et j'ai parfaitement compris ce que le jury du Prix de la Vocation- qui d'ailleurs ne comprend pas énormément de jeunes gens dans leurs membres- ait pu trouver à ce premier roman, qui revèle incontestablement la naissance d'une plume singulière et étonnante.

Les médias, qui sont parfois un peu paresseux ( je m'inclue dedans évidemment :o) et qui aiment bien les comparaisons toutes faites, ont un peu trop vite rapproché Line Papin à Marguerite Duras et à son très célèbre Amant, mais comme l'auteur l'a reconnu elle même, à part le fait que les deux romans se situent en Asie et parle de passion amoureuse, il y finalement a assez peu de similitudes entre les deux oeuvres.

Ce qui est certain, c'est que dans L'Eveil, Line Papin parvient totalement, gràce à une écriture très sensorielle et très sensuelle, à retranscrire aussi bien les alternoiements et les enfièvrements de la passion inhérents à la jeunesse, que la ville d'Hanoi, personnage à part entière du roman, une ville que Line connait bien puisqu'elle y a vécu jusqu'à l'âge de 10 ans, et qui s'est imposée très vite à elle pour planter le décor de son histoire, sans qu'elle n'en comprenne forcément les raisons profondes.

En même temps, Hanoi qui possède un climat, étouffant et humide, est le décor idéal pour cette histoire pleine de passion et d'exaltation et dont le ciel s'alourdit aussi bien au sens premier du terme que dans le coeur des protagonistes, qui voient leur destin s'assombrir. Un double foisonnement, extérieur et intérieur, qui se répondent formidablement, voilà une des grandes qualités de ce roman exaltant et exalté.

"Je dois y retourner, c'est insupportable de le savoir ici, lui qui marche et vit non loin. Non, il ne s'agit pas encore de l'éveil, du vrai, c'est mon attention seule qu'il éveille pour l'instant, et c'est en dessous, plus loin, que nous allons éclore et tomber et rouler. Je suis à l'orée de l'éveil. »

Line Papin a commencé à écrire ce roman à 16 ans et l'a terminé à 19 ans, et comme je lui ai posé la question a effectivement utilisé ces 3 années où un être humain change beaucoup pour faire évoluer ses personnages, puisque elle nous a avoué avoir mis un peu d'elle dans chacun des trois personnages principaux de l'histoire.

Contrairement à ce qu'on pourrait penser si on était aussi paresseux que la presse écrite, ce n'est pas seulement dans Juliet, la très jeune fille de l'ambassadeur d'Australie au Vietnam qu'elle a mise un peu d'elle.

Elle est aussi dans cet homme dont Juliet tombe folle amoureuse, un homme, objet de fantasme, qui d'ailleurs ne sera jamais nommé tout au long du livre, un autre expatrié, serveur de son état, qui traine en lui une blessure qui nous sera dévoilée au fil de ce récit d'une belle densité romanesque et tout plein de ce lyrisme qu'on a souvent plus à 20 ans qu'à 40 ans- même si lorsque j'ai soulevé ce constat lors de la rencontre, tout le monde m'est tombé dessus :o)

Line nous a confié avoir été quelque peu réticente au départ à choisir ce titre, plus ou moins imposé par son éditeur, car elle avait trop peur que les médias- encore eux- fassent trop la comparaison avec l'éveil de son auteur et moins de son personnage.

Et pourtant dieu que ce titre est parfaitement approprié, tant il est évident que ce roman semble être la première étape d'une une carrière littéraire qu'on imagine forcément brillante, même si tous ces louanges et ses prix vont certainement mettre une pression manifeste sur les épaules de cette jeune romancière qui nous a semblé ce soir aussi intimidée que déterminée.

Personnellement, plus que Duras, c'est à La Grande Sophie ( rien à voir, je sais) que j'ai pensé à lisant L'Eveil, et à cette magnifique chanson figurant dans son dernier album Hanoi dont j'avais parlé à sa sortie et qui m'a servi de bande sonore - heureusement que je l'avais dans mon smartphone- pendant ma lecture en train.

J'aurais d'ailleurs voulu parler de ce morceau à Line, mais le temps nous était compté, et puis il n'est pas certain que ce genre de remarque un peu personnelle eut intéressé tout le monde..

Mais il serait malvenu de se plaindre un peu trop, tant j'ai été déjà très privilégié de pouvoir lui poser ces quelques questions au sujet de ce Très bel Eveil que je vous conseille de lire si ce n'est déjà fait..

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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