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Critique de Pekorinno


"Dégâts irréversibles", c'est du belge, et j'aime lire le belge, une habitude prise grâce à mon métier d'enseignant. Après de grands "classiques" récompensés notamment au prix des lycéens de la littérature belge, j'ai décidé de me lancer au sein de celui-ci, dont la lecture était également recommandée au sein d'écoles d'enseignement supérieur.

Le roman raconte l'histoire d'un adolescent, Isidore, fils de roi et personnage exclusivement intéressé par le confort et le luxe. Ce dernier décide, avec la participation de quelques amis, de créer un compte sur les réseaux sociaux destiné à se moquer du peuple du royaume. Jusqu'au jour où un drame survient, plongeant le royaume et les harceleurs dans une atmosphère glaciale.

Ce livre ne tient pas ses promesses, purement et simplement. Il y a tant de choses à dire que je ne sais par où commencer.

Justine Paque nous plonge dans un contexte qui se veut original : un mélange entre un monde fantastique et la société actuelle, désirant sans doute nous accrocher au message profond de son oeuvre par le divertissement. Cela aurait pu fonctionner, mais c'est un échec véritable. En réalité, nous pourrons constater que ce récit se déroule dans un royaume imaginaire, un thème fantastique, dès les quelques premières et dernières pages du livre. Pour tout le reste, nous sommes dans une modernité classique, sans aucun trait fantastique. le récit aurait très bien pu se dérouler dans une société totalement réaliste, cela aurait été tout à fait similaire. le genre fantastique qui faisait sourire est donc purement inutile.

Examinons désormais les personnages, car ce récit portant un message lié aux relations entre personnes, ceux-ci sont donc d'une importance capitale. Chacun d'eux est un stéréotype ambulant et nous peinons à nous identifier à l'un d'entre eux. Isidore est l'arrogance, Julia, la droiture et l'intégrité. Nous retrouvons tous les éléments qui y sont systématiquement liés : des moqueries futiles et des amis asservis pour Isidore, un refus des réseaux sociaux et une attitude travailleuse pour Julia. Au bout d'un moment, il est presque facile de deviner les réactions des personnages. Non parce qu'on les connaît, mais bien car Justine Paque suit absolument tous les clichés. Dommage, Isidore, au moins, aurait pu être un personnage intéressant.

Au-delà de ce désintérêt, ceci engendre une conséquence que je trouve plus grave encore. L'auteure nous présente un récit assez moralisateur, décryptant le harcèlement. Pourtant, ce manque de psychologie des personnages nous présente Isidore comme étant foncièrement un harceleur, comme si un être humain était destiné à être harceleur. Les humains, dans la vie réelle, sont un mélange savant de qualités et de défauts, de bonnes et de mauvaises décisions. Dans ce roman, soit un personnage est exécrable, soit il inspire la pitié et est destiné à émouvoir tellement il est vertueux. C'est épuisant. Comme l'indiquent des études récentes sur le harcèlement, un élève n'est pas destiné à être harceleur ou harcelé. Hélas, Justine Paque est donc dans l'erreur au fond même de son message.

Le récit enchaîne lui aussi les évidences, désamorçant toute possibilité de suspense. Nous ne sommes jamais surpris, parfois même capables d'expliquer à voix haute ce qui se passera dans les prochaines pages.

Enfin, contrairement à d'autres lecteurs qui estiment que l'auteure ne transmet pas de message moralisateur, je serai une nouvelle fois de l'avis opposé. Dans une certaine finesse, Justine Paque nous parle de "karma", désignant du doigt les bonnes et les mauvaises façons d'agir. le livre manque de nuance, de justification aussi. La mauvaise action pointée du doigt est une mauvaise action, point.

Un certain nombre de points problématiques ne sont pas abordés, en voici une simple liste non-exhaustive :

- Un titre qui n'est pas en accord avec ce que le livre nous transmet comme message, étant donné la manière dont le récit se termine ;
- de nombreuses coquilles (erreurs de séparation en paragraphes, fautes d'orthographe ou de ponctuation) ;
- Les vingt dernières pages qui sont un misérable enchaînement d'actions à la vitesse de la lumière, nous faisant penser que Justine Paque en avait elle-même marre d'écrire ;
- Un manque flagrant de mise en contexte tout au long du roman.

Pour conclure, il est dommage de devoir déconseiller la lecture d'un roman, mais c'est certainement la "bonne" chose à faire. Tous ces éléments font que la lecture n'est ni agréable, ni inspirante comme elle prétend l'être. Cette expérience fut décevante.
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