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Critique de GeorgesSmiley


Philippe Pascot dénonce les mensonges de nos politiciens et du président Macron, digne successeur en la matière de ses prédécesseurs. L'exercice n'est pas bien difficile et la conclusion facile à partager surtout en citant des auteurs comme Georges Orwell « le discours politique est destiné à donner aux mensonges l'accent de la vérité, à rendre le meurtre respectable et à donner l'apparence de la solidarité à un simple courant d'air. »
Mais, on ne peut s'empêcher, à la lecture de ce brûlot, de se poser une question dérangeante : Philippe Pascot, qui a longtemps fréquenté les « politiques » et les associations qui gravitent dans ce monde ne mentirait-il pas, lui aussi, par omission ?
Il choisit ses cibles : la loi de protection du littoral, le maintien du glyphosate ou la réforme des retraites. Sur ce dernier chapitre, glissant en silence sur les privilèges à peine écornés d'ici trente ans des employés de la RATP, de la SNCF et d'autres fonctionnaires de tout poil, il ne s'offusque que de ceux de l'Armée, soupçonnée d'être ainsi favorisée parce qu'elle pourrait avoir un jour à obéir à un ordre de tirer sur une foule de manifestants ! Si j'étais taquin, je pourrais imaginer que, par exemple, les employés de la SNCF et de la RATP sont ménagés parce qu'un jour ils pourraient être amenés à transporter à l'heure et sans « mouvement de grève » des passagers qu'on nommerait et considérerait réellement comme des clients et non des otages.
Sur la réforme de l'assurance chômage, du Code du Travail ou des indemnités prudhommales, sa démonstration, tellement caricaturale, aurait tendance à faire passer les personnages de Dickens ou ceux du Zola de Germinal pour des nantis.
L'ennui avec le «post-soixante-huitard gaucho mal dégrossi » ainsi qu'il se définit (p 200) c'est qu'on a vite l'impression qu'il ne vend que sa petite boutique couleur pastèque (verte de peau, rouge de coeur) à tendance Gilets jaunes seconde version (après épuration de la première qui réclamait moins d'impôt et de taxes et roule en diesel), écolo anti-hydrocarbures et anti-glyphosate. On peut s'étonner que ce compagnon de route de M. Vals à la mairie d'Evry ne souffle aucun mot sur la complaisance des élus avec les « associations » qui tiennent les « quartiers » comme on dit ou qu'en tant que Gilet jaune il ne se désolidarise pas des voyous qui ont contribué à séparer les Français de ce mouvement qu'ils soutenaient massivement dans sa phase initiale pré-récupération gauchiste. Et s'il démasque le vent qui se glisse derrière les discours enflammés du petit président, s'il se gausse fort justement de ces ministrounets qui prennent sans rire, à longueur de petite semaine, des décisions qu'ils qualifient d'historiques, on sent bien qu'il s'interdit d'aborder les sujets plus régaliens qui n'intéressent guère le courant de pensée qu'il représente.
Pas un mot sur le financement des retraites. Avec lui, demain on rase gratis ou comme disait son ancien chef de parti, l'impayable roi de la blagounette, celui qui avait pour ennemi « la finance », et qui livrait les croissants en scooter avec chauffeur, « c'est gratuit, c'est l'Etat qui paye ! ». Pas un mot, non plus, sur la délinquance et les chiffres officiels trafiqués. On sait bien depuis Jospin qu'« il n'y a pas d'insécurité en France, juste un sentiment d'insécurité ». Pas un mot sur la langue de bois de ces syndicats si peu représentatifs, gorgés d'argent public, qui se moquent en permanence de la vérité et dont les mensonges, lorsqu'ils bloquent le pays, semblent tout droit sortis de l'ancienne Pravda. S'il dénonce assez justement dans un chapitre la novlangue, destinée à faire passer le mensonge pour la vérité, il oublie de citer l'ancien « clandestin » ou « sans papiers » devenu simple « migrant ». Son passage sur les enseignants contraints d'avoir « une conduite exemplaire jusqu'en dehors des heures travaillées. » est à mourir de rire (il s'interroge avec angoisse sur qui décidera qu'une conduite n'est pas exemplaire) quand on sait que justement à l'Education Nationale ce sont les syndicats qui commandent. Et s'il lâche, en préambule d'une nouvelle diatribe contre la « fraude fiscale », le seul chiffre que les Français devraient tous avoir en tête : « les dépenses nettes de l'Etat devraient être de 390,8 milliards d'euros en 2019 et les recettes nettes de 291,4 milliards d'euros » (vous avez bien lu : cent milliards d'euros de déficit en une année et cela dure depuis quarante ans !), c'est uniquement pour sortir le mantra habituel de « la fraude fiscale est de 100 milliards d'euros par an ». du Mélenchon dans le texte qui nous renvoie, il y a quelques années, sous un gouvernement Jospin (toujours lui, décidemment), au surréaliste débat sur la « cagnotte » qui n'était, bien sûr, qu'un déficit un peu moins élevé que prévu. Oui, M. Pascot, vous avez sans doute raison, nous sommes bien dans une dictature orwellienne, mise en musique avec la complicité du pouvoir médiatique, mais, ne vous en déplaise, vous faites, vous-aussi, parti du système, jouant avec fougue ce petit rôle que les marxistes qualifient souvent d'idiot utile.
Ce livre se lit vite mais on peut s'en dispenser. On se contentera de signer sa pétition pour empêcher quelqu'un doté d'un casier judiciaire non vierge de se présenter à une élection. Je l'ai fait, il y a déjà un bon moment, ce combat-là est rassembleur.
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