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Critique de isabellelemest


Dans ce roman situé à Venise à la fin des années 1920, très exactement dans le quartier de Dorsoduro - qui donne son nom au livre en italien - Pasinetti fait oeuvre de mémorialiste, à travers le regard aigu d'un enfant "précoce compliqué", le narrateur Giorgio, mais surtout pour fixer par la magie de la littérature, d'une façon quasi proustienne, toute une galerie de personnages des familles bourgeoises et patriciennes de Venise, tout un "entre-soi" représenté essentiellement par les habitants du palazzo Bialevski, un Vénitien d'adoption, parmi lesquels la famille d'Alvise Balmarin, le dentiste cultivé aux idées larges, et celle de Silvio Tolotta Pelz, son ami d'enfance plus attiré par l'idéologie dominante, mais aussi plus largement tout un ensemble de familles "benestanti", où les rapports entre adultes et adolescents, entre amis et parents, ne sont jamais dramatiques, mais marqués d'une complicité et d'une compréhension nées de la proximité géographique, historique et sociale.
Le roman tourne autour de la figure lumineuse de l'adolescente Giovanna, de ses treize à ses seize ans, et de tous les jeunes, garçons et filles, qui vont se faire à la vie adulte, partageant celle de leurs parents, subissant rarement leurs foudres - comme Annibale, ce gamin malicieux, gai et doué d'un véritable talent "d'histrion", victime des gifles de son père -, se fréquentant très librement, découvrant les plaisirs de l'amour physique, faisant leurs apprentissages, sur fond de fascisme mussolinien.
Car Mussolini a pris un pouvoir de plus en plus autoritaire, et ceux que l'idéologie du régime attire, sont dépeints avec une légère commisération comme les plus médiocres, rustres, opportunistes ou ratés, qui trouvent dans l'idéologie fasciste un remède au peu d'estime qu'ils ont d'eux-mêmes. Mais libéraux ou fascisants, tous restent d'abord Vénitiens, et continuent à coexister de façon à la fois mondaine et simple, comme de vieilles connaissances. Même les déprédations, agressions ou autres vandalismes sont ramenées à leur juste proportion : dérisoire.
Un beau roman, qui fixe pour l'éternité quelques années d'adolescence dans une ville et un milieu pleins de charme. On reste amoureux pour longtemps de Giovanna et de tous les personnages attachants qui gravitent autour d'elle.
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