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Critique de LetCo


« Qui suis-je ? Cette question, en apparence simple, cache en réalité une complexité profonde. Chacun d'entre nous aspire à comprendre sa propre essence, à découvrir sa véritable nature, et à trouver sa place dans le monde qui l'entoure » (1).
Alors qui suis-je si je ne connais pas mes racines ? Qui suis-je si je suis né sous X ? Un arbre sans racines (2) qui tient debout grâce à la conjugaison de plusieurs facteurs, mais son équilibre est précaire, il ne parvient pas à puiser dans le sol sa force de vivre et s'épanouir, il est voué à tomber un jour...
Je suis le fils ou la fille de personne.

En France en 2023, environ 700 enfants sont nés sous X.
L'accouchement sous le secret permet aux femmes d'accoucher anonymement et d'abandonner leur enfant qui sera confié à l'Ase. Sous certaines conditions, les enfants nés de cette façon peuvent accéder à leurs origines. Lorsqu'ils y parviennent, il leur faut encore retrouver la trace de ces parents, qui sont peut-être décédés, partis à l'étranger... J'imagine un parcours semé d'embûches pour lequel la patience est le maître mot de l'aboutissement de leur quête.

Ce sont ces thèmes qu'aborde Jean-François Pasques dans son roman, un polar plutôt douillet dont l'intrigue se déroule au rythme des deux enquêtes en charge du commandant de police Delestran. Outre son équipe, il a une adjointe sur laquelle il peut compter depuis deux ans pour le seconder, ainsi qu'une nouvelle recrue, une psychologue, qui vient bousculer les codes auxquels il est habitué, lui qui ne croit qu'aux bonnes vieilles méthodes. Celle-ci va mettre un peu de sel dans le récit des investigations. Les personnages sont plaisants à suivre, et pour une fois, nous n'avons pas affaire à une caricature de policiers présentant des troubles dus à leur métier. Rien que des gens normaux de ce côté de la barrière. Pour ce qui se trouve de l'autre côté de la barrière, c'est une autre chanson :) Mais rassurez-vous, rien de très sombre. Un polar douillet vous disais-je plus haut.

Le rythme du roman est tranquille puis s'accélère à mi-parcours lorsque le puzzle de l'enquête offre une vision plus nette de l'ensemble en fonction des éléments qui commencent à s'emboîter et de la direction que prennent les enquêtes. C'est le moment que j'ai préféré, avec un peu d'action pour me tenir en haleine. Pas de quoi m'essouffler non plus, mais de quoi maintenir mon intérêt jusqu'au bout.

J'ai beaucoup aimé les références littéraires disséminées tout au long du roman, j'ai moins aimé l'aspect procédural fouillé car j'ai trouvé que cela appesantissait la lecture. Je me suis un peu ennuyée par moments. Mais il faut reconnaître à l'auteur sa connaissance du milieu policier étant lui-même capitaine de police, et sa capacité à transmettre. J'ai presque eu l'impression de pénétrer dans le service de ce commandant Lenestran en qualité de stagiaire, j'ai vécu ces enquêtes aux côtés de son équipe tout en bénéficiant d'explications sur les modes opératoires terrain et procédures. L'auteur ferait sans doute un bon tuteur de stage dans sa vie de policier, voire même un bon formateur.

Un dernier mot pour préciser qu'il a dédié son livre à la mémoire du Brigadier-Chef Wilfried Faron, mort en service à Nantes le 31/12/2021. Une fin d'année funeste pour ce policier âgé de 39 ans, victime d'un malaise cardiaque au retour d'une intervention motorisée la veille, une course poursuite.

Mais à présent, qui suis-je ?
Je suis la fille qui vous recommande ce Prix du Quai des Orfèvres si vous souhaitez faire une pause agréable avec un roman policier à l'écriture fluide et presque douce, comme la voix d'une personne bienveillante qui vous raconte l'une de ses enquêtes. Et pour aller découvrir toutes ces références littéraires glissées habilement dans cette histoire !

(1) Extrait d'un article glané sur le net traitant de la quête de soi et de l'identité.
(2) Selon Marcus Garvey, « un peuple qui ne connaît pas ses origines et sa culture ressemble à un arbre sans racines ».
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