L'amour n'est pas réellement quelque chose dont on discute en Afghanistan. Les familles passent des accords matrimoniaux fondés sur des critères sociaux ou tribaux ou même pour faciliter des accords commerciaux. Personne ne s'attend à être amoureux ni même ne désire l'être. On se contente de faire ce que ses parents exigent, et on s'arrange au mieux pour que son mariage marche - il le faut bien, puisque le divorce est interdit aux femmes.
Si je fais un seul rêve, c'est celui-ci : que, dans le futur, un enfant lise ce livre et demande : "C'est quoi un réfugié ?"
L'une des choses les plus étranges à propos de ce voyage, c'est qu'à chaque fois qu'un passeur, ou un chauffeur, nous donnait un ordre, nous le suivions. Que ce soit "Montez dans la voiture !", "Restez silencieux !", "Suivez-moi !", "Mangez ça !", "Rasez vous la barbe !", "Donnez-moi vos passeports !", nous obéissions, tout simplement. Sans poser de questions ni même vraiment réfléchir, nous remettions chaque fois nos vies entre les mains de parfaits étrangers. Nous n'avions pas le choix. Quand ils disaient "Venez !", nous autres, pauvres petites brebis perdues, il nous fallait suivre.
Je m'imaginais courir jusqu'à un Français de haut rang et le secouer en exigeant des réponses. Ce n'était pas ma faute si je n'étais pas né en Europe. Mon pays était une zone de guerre - est-ce que cela me rendait moins vivant ?
L'ennemi de l'amour, ce n'est pas la haine, c'est l'indifférence.
La vie est une éducation, Gulwali. Et toute vie doit avoir un but.
J'étais en train de comprendre que les agents sont les représenttants de commerce du monde des passeurs. Ils doivent vous vendre de gros mensonges et de minces espoirs pour vous convaince de continuer à avancer, ce qui est dans leur intérêt parce que s'ils ne vous emmènent pas jusqu'à votre prochaine destination, ils ne sont pas payés. Ils vous diront n'importe quoi pour vous convaincre.
Une des constantes, quand vous êtes en fuite, c'est que lorsque vous pensez être aussi malheureux que possible, la vie se débrouille pour vous rire au nez encore plus fort.
La vérité, c'est qu'en temps de guerre, les familles ordinaires telles que la nôtre sont condamnées à des choix difficiles : si vous vivez en paix avec un camp, vous vous faites un ennemi de l'autre, si vous tentez un geste d'apaisement vers le premier, le second veut savoir pourquoi. On ne peut pas gagner. Le mieux qu'on puisse faire, c'est de s'en tenir autant que possible à un juste milieu en essayant de contenter tout le monde. Ainsi assure-t-on au mieux la sécurité de ses proches.
Ce sont les choix que nous faisons qui définissent nos chemins, déterminent nos itinéraires personnels et font de nous la personne que nous sommes.