AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Bimach


Un livre dont on pourrait détailler les faiblesses durant des pages, mais que je place néanmoins au sommet de l'échelle avec cinq étoiles, comment est-ce possible ?
Les faiblesses sont indéniables : tout d'abord, le roman est constellé de coïncidences qui permettent de faire rebondir l'intrigue d'une manière qui ne peut manquer de paraitre artificielle. Qu'il s'agisse de rencontres fortuites de Iouri Andréievitch Jivago avec son demi-frère influent à des moments où l'intervention de ce dernier fournit des échappatoires bienvenues à des situations sans issues, de la présence de Larissa (Lara) Fiodorovna, nommée par le plus grand des hasards comme infirmière militaire à l'endroit précis du front où est affecté le Docteur, puis à nouveau, quelques années plus tard, dans la petite ville du Caucase à proximité de laquelle il a cherché refuge avec sa famille, ou de l'apparition, la veille de son suicide, du mari de Lara au moment où celle ci vient de quitter ce lieu où elle se tentait de fuir les autorités avec Jivago, comme de bien d'autres retrouvailles fortuites de cette nature de personnages perdus de vue, ces coïncidences sont vraiment trop nombreuses pour qu'elles puissent être perçues comme vraisemblables.
Par ailleurs, le comportement de bien des personnages, malgré la finesse de leur description par l'auteur à travers des conversations pénétrantes et leur façon d'interagir, n'est pas toujours bien compréhensible.
Mais toutes ces faiblesses n'empêchent pas cet ouvrage d'être un véritable chef d'oeuvre, qui se lit sans désemparer tellement on est pris par le tourbillon de l'histoire qui emporte les personnages, et qui projette le lecteur dans les bouleversements que les évènements entraînent dans la vie matérielle, intellectuelle, affective, de ces gens, qu'ils soient des bourgeois aisés conduits à devoir se replier avec leur famille dans deux pièces de leur vaste demeure, à trafiquer pour pouvoir se nourrir, à voler même du bois pour se chauffer dans le dur hiver moscovite, des intellectuels acquis aux idées de la révolution et qui, après avoir brillamment réussi à des niveaux très élevés de la hiérarchie militaire ou politique au cours de la guerre civile, sont poursuivis par les autorités dans le cadre de purges, ou d'anciens syndicalistes persécutés sous les tsars et qui deviennent à leur tour des persécuteurs.
Le lecteur en apprend bien plus sur le plan humain dans ce passionnant roman sur les années du basculement de la Russie dans la guerre, puis dans la révolution, puis à nouveau dans la guerre civile, que dans les livres d'histoire.
À lire de toute urgence pour tous ceux qui, comme moi, avaient manqué cette lecture depuis si longtemps !
Commenter  J’apprécie          222



Ont apprécié cette critique (22)voir plus




{* *}