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Critique de Musa_aka_Cthulie


J'avais commencé par regarder, il y a déjà quelques temps, les conférences en ligne de Michel Pastoureau sur les couleurs à l'auditorium du Louvre. Et c'est parce qu'elles m'ont captivées que j'ai entrepris de lire les ouvrages de celui-ci sur le même thème, à commencer par « Bleu ».

Je noterai tout d'abord deux choses. D'une part, le livre en question est lui-même très intéressant et accessible, mais cependant moins grand public que les conférences ; bien qu'assez court, il réclame une attention assez soutenue. D'autre part, il est beaucoup moins axé sur l'histoire de l'art. Ce qui est bien normal, étant donné qu'il s'agit avant tout d'un travail d'historien.

Michel Pastoureau nous livre donc un état de ses travaux sur l'histoire de la couleur bleue dans les sociétés occidentales. Il nous expose comment elle est perçue depuis l'Antiquité, comment elle a envahi le devant de la scène, comment on a plus ou moins maîtrisé son emploi en teinturerie ou en peinture, mais aussi comment son histoire est liée à la religion, à l'économie, à la politique. Mais au-delà du bleu proprement dit, c'est toute l'histoire du rapport de nos sociétés aux différentes couleurs qui est abordée, puisqu'on ne peut, comme le rappelle l'auteur, étudier l'une sans se pencher sur les autres (et même si les autres couleurs font ou feront l'objet d'études spécifiques).

C'est aussi en partie une histoire de la France en creux : l'histoire du drapeau national et donc de la Révolution française y sont largement abordées ; notamment l'hypothèse qui avance que, si le drapeau du Royaume-Uni n'avait pas été bleu, blanc, rouge, le nôtre ne le serait pas non plus (je vous laisse découvrir comment Michel Pastoureau en arrive à cette conclusion). Mais le livre traite de bien d'autres sujets. Il est question de religion et de chromophobie, d'héraldique, d'optique et d'économie. On y parle de blues et de blue jean... Et, d'ailleurs, une bonne part du livre est consacrée à la teinturerie et à l'histoire du vêtement, ce qui est d'autant plus intéressant que le sujet est encore peu étudié, et peu présenté au grand public.

Quelques bémols cependant. Il m'a semblé que les raisons pour lesquelles le bleu était devenu la couleur de la Vierge et du roi au Moyen-âge étaient un peu trop survolées, et, sur ces sujets, je reste sur ma faim. Je regrette ensuite les quelques répétitions, qui sont pratiquement des copier-coller d'un chapitre à l'autre (voire dans le même chapitre), notamment sur la guède et l'indigo. Je ne risque pas d'oublier que les Romains croyaient que l'indigo était d'origine minérale parce que celui-ci arrivait d'Orient sous forme de blocs compacts (c'est dit au moins quatre ou cinq fois) !

J'ajoute pour terminer qu'il existe deux éditions de cet ouvrage, l'un avec illustrations, l'autre en format poche et sans illustrations. La seconde version se lit très bien. Chacun pourra ensuite aller à la pêche aux images si le besoin d'aller plus loin se fait ressentir.

Lien : http://musardises-en-depit-d..
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