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Citations sur Bleu : Histoire d'une couleur (68)

Vermeer est un peintre du bleu( et même du bleu et blanc, tant ces deux couleurs fonctionnent chez lui en association) . C’est surtout ce travail sur les bleus qui, chromatiquement, le distingue des autres peintres néerlandais du XVII siècle.
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Enfin, et surtout, il faut rapprocher du bleu des romantiques allemands le "blues", forme musicale d'origine afro-américaine, probablement née dans les milieux populaires à l'horizon des années 1870 et caractérisée par un rythme lent à quatre temps, traduisant des états d'âme mélancoliques. Ce mot, anglo-américain, "blues", que de nombreuses langues ont adopté tel quel, provient de la contraction du syntagme "blues devils"; ce dernier désigne la mélancolie, la nostalgie , le cafard, tout ce que le français qualifie d'une autre couleur : "idées noires". Il fait écho à l'expression anglaise "to be blue" ou "in the blue", qui a pour équivalents allemand "alles swartz sehen", italien "vedere tutto nero", et français "broyer du noir".
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"La préférence individuelle, le goût personnel existent-ils vraiment ? Tout ce que nous croyons, pensons, admirons, aimons ou rejetons passe toujours par le regard et le jugement des autres. L'homme ne vit pas seul, il vit en société."
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Pour les Égyptiens comme pour d'autres peuples du Proche et du Moyen- Orient, le bleu est une couleur bénéfique qui éloigne les forces du mal. il est associé aux rituels funéraires et à la mort pour protéger le défunt dans l'au-delà. Souvent le vert jour un rôle voisin et les deux couleurs sont associées.[...]

Plus encore que les Grecs, les Romains voient dans le bleu une couleur sombre, orientale et barbare; ils l'utilisent avec parcimonie.
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La notion de couleur préférée est en elle-même extrêmement floue. Peut-on dire dans l’absolu, hors de tout contexte, quelle est la couleur que l'on préfère ? Et quelle portée cela doit-il réellement avoir sur le travail du chercheur en sciences sociales, notamment de l’historien ? Lorsque l'on cite le bleu, par exemple, cela signifie-t-il que l'on préfère réellement le bleu à toutes les autres couleurs et que cette préférence - mais qu’est-ce qu'une "préférence" - concerne toutes les pratiques et toutes les valeurs, aussi bien le vêtement que l'habitat, la symbolique politique que les objets de la vie quotidienne, les rêves que les émotions artistiques ? Ou bien cela signifie-t-il qu'en réponse à une telle question ("quelle est votre couleur préférée"), par certains côtés très pernicieuse, on souhaite être, idéologiquement et culturellement, rangé et compté dans le groupe de personnes qui répondront "bleu" ? Ce point est important. Il chatouille d'autant plus la curiosité de l'historien que celui-ci, lorsqu'il tente - un peu anachroniquement - de projeter dans le passé sa réflexion sur l'évolution des couleurs "préférées", ne peut jamais cerner de résultats intéressants sur la psychologie ou la culture individuelle, mais seulement des faits de sensibilité collectifs, ne concernant qu'un domaine des activités d'une société (le lexique, le vêtement, les emblèmes et les armoiries, les commerce des pigments et des colorants, la création poétique ou picturale, les discours scientifiques). Au reste, en va-t-il différemment à notre époque ? La préférence individuelle, le goût personnel existent-ils vraiment ? Tout ce que nous croyons, pensons, admirons, aimons ou rejetons passe toujours par le regard des autres. L'homme ne vit pas seul, il vit en société.

Chapitre 4, "La couleur préférée"
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Bernard n'est pas seulement iconoclaste, il est aussi fortement chromophobe, et avec lui le sont également différents prélats, pas seulement cisterciens, ennemis de tout luxe.[...]
Comme saint Bernard, ils appuient leur rejet de la couleur sur une étymologie du mot latin "color", qui rattache ce terme à la famille du mot "celare", cacher : la couleur, c'est ce qui cache, ce qui dissimule, ce qui trompe.
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Il existe en effet dans les romans arthuriens français des XIIè et XIIIè siècles un code des couleurs fortement récurrent. Un chevalier rouge est ainsi le plus souvent un chevalier animé de mauvaises intentions (ce peut-être aussi un personnage qui vient de l'Autre-Monde). Un chevalier noir est un héros de premier plan qui cherche à cacher son identité ; il peut être bon ou mauvais, le noir n'étant pas toujours négatif dans ce type de littérature. Un chevalier blanc est généralement pris en bonne part ; c'est souvent un personnage âgé, ami ou protecteur du héros. Enfin un chevalier vert est fréquemment un jeune dont le comportement audacieux ou insolent va être cause de désordre ; lui aussi peut être bon ou mauvais.
Ce qui frappe dans ce code chromatique littéraire, c'est l'absence totale, jusqu'au milieu du XIIIè siècle, de chevalier bleu. Le bleu ici ne signifie rien.
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Entre l’art cistercien du XII siècle et la vague chromoclaste des débuts de la Réforme il n’y a aucune rupture mais au contraire un discours univoque : la couleur est fard, luxe, artifice, illusion. Elle est vaine parce qu’elle est matière ; elle est dangereuse parce qu’elle détourne du vrai et du bien ; elle est coupable parce qu’elle tente de séduire et de tromper ; elle est gênante parce qu’elle empêche de reconnaître clairement les formes et les contours. Saint Bernard et Calvin tiennent à peu près le même langage.
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Tout est donc réglementé selon la naissance, la fortune, les classes d’âge, les activités, les catégories socioprofessionnelles : la nature et la taille de la garde-robe que l'on peut posséder, les pièces de vêtement qui la composent, les étoffes dans laquelle celles-ci sont taillées, les couleurs dont elles sont teintes , les fourrures, les parures, les bijoux et tous les accessoires qui les accompagnent. Certes, ces lois somptuaires concernent aussi d'autres domaines de la fortune ou de la vie matérielle : vaisselle, argenterie, nourriture, mobilier, immeubles, équipages, domesticité, animaux ; mais le vêtement en est le principal enjeu car il est le premier support de signes dans une société alors en pleine transformation et où le paraître joue un rôle de plus en plus grand.

Chapitre 3, "Une couleur morale" - XVe-XVIIe siècles
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D'autant que pour les périodes historiques, la tentation est souvent grande de plaquer sur les objets et sur les images des informations que nous apportent les textes, alors que la bonne méthode - au moins dans un premier stade de l'analyse - serait de procéder comme le font les préhistoriens (qui ne disposent d'aucun texte mais qui doivent analyser les peintures pariétales) : tirer de ces images et de ces objets eux-mêmes du sens, des logiques, des systèmes, en étudiant, par exemple, les fréquences et les raretés, les dispositions et les distributions, les rapports entre le haut et le bas, la gauche et la droite, le devant et le derrière, le centre et la périphérie. Bref, une analyse interne par laquelle devrait commencer toute étude de l'image ou de l'objet quant à ses couleurs (ce qui ne veut pas dire que l'étude doive s'arrêter là).

Introduction, "La couleur et l'historien"
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