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Critique de Mahesocio


Un postulat erroné, petit manque de rigueur pour un journaliste.
L'auteur se réfère à une étude réalisée par Google qui aurait mesuré le temps d'attention d'un poisson rouge dans son bocal, s'élevant donc à 8 secondes. Pour les Millenials en moyenne, ce temps serait de 9 secondes. « Au delà, son cerveau, notre cerveau décroche, il lui faut un nouveau stimulus, un nouveau signal, une autre recommandation. »
Davantage de prudence, c'est sans doute ce qui aura manqué à Bruno Patino en basant son livre sur l'information « choc » selon laquelle le temps d'attention du poisson rouge est comparable à celui de la génération des Millenials. En effet, l'auteur mentionne une conférence d'un employé de Google qui prétend que la firme californienne a réalisé des mesures comparatives de l'attention entre les jeunes et les poissons rouges. Cet homme n'a pas de nom, on ne sait pas où a eu lieu cette conférence et surtout aucun lien vers une étude n'est indiqué. Cette études est introuvable (sûrement inexistante). En faisant quelques recherches, on trouve mention d'une étude comparable menée par le service de Consumer Insight de Microsoft au Canada, réalisée en 2015. le rapport cite une autre source qui mentionne effectivement une baisse du temps d'attention entre 2000 et 2013 des humains. Celle-ci serait passé de 12 secondes à 8 secondes, alors que celui du poisson rouge serait de 9 secondes. Petite inversion ici, le poisson rouge disposerait d'une capacité attentionnelle supérieure d'une seconde cette fois. Cette étude a été plusieurs fois reprises dans les médias. le problème est que, dès que l'on cherche à remonter aux sources statistiques pour comprendre la méthode utilisée dans ces soit-disantes mesures, la tâche s'annonce très compliquée. le journaliste Simon Maybin de la BBC a mené son enquête. Les chiffres mentionnés sont sourcés chez un institut appelé BrainStatistics. Il s'agit d'une base de données bien plus statistics que brain (dans le sens où il ne s'agit pas d'études neuroscientifiques, la référence au cerveau étant purement évocative), accessible en souscription, collectant de nombreuses données de marché pour aider les entreprises à construire leur business plan. Ce n'est a priori pas eux qui ont posé des capteurs sur un poisson rouge pour mesurer son niveau d'attention… le journaliste finit par constater, après une enquête auprès de spécialistes de l'attention, qu'aucune étude ni données statistiques n'existent sur ce point. En revanche, les biologistes spécialistes des poissons, poursuit le journaliste, étudient cette espèce justement parce qu'elle est pertinente pour observer les mécanismes de formation de la mémoire. Oui, le défaut de mémoire des poissons rouges est une légende urbaine, contredite par la science. Cette croyance permet aux heureux possesseurs d'aquarium de ne pas culpabiliser en domestiquant leurs poissons dont on préfère penser qu'ils ne sont pas conscients de leur condition.
Quand on y pense, le seul fait d'annoncer qu'on serait parvenu à mesurer et comparer le temps d'attention des humains à celui d'un poisson n'a aucun sens. le temps d'attention dépend évidemment des situations, des types de contenus et des formes d'attention mobilisées (la concentration, l'immersion, etc.). Vous pensez vraiment qu'un adolescent n'est pas capable de rester attentif le temps d'un Star Wars de plus de 2 heures au cinéma ? Ni même de lire les quelque 700 pages d'un Harry Potter, soit l'un des best sellers planétaires de la littérature jeunesse ? Ou bien que toutes les 8 ou 9 secondes, il décroche de sa partie de jeux vidéo en ligne ?
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