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Critique de mh17


Cesare Pavese (1908-1950) a écrit ce court roman en 1942. Je l'ai trouvé remarquable.
Voilà comment le résume son auteur dans ses notes : « Ce dernier livre représente un effort pour dépasser le naturalisme par la construction d'atmosphères psychologiques. Il raconte l'amitié de deux jeunes gens qu'une femme, épouse de l'un d'eux, lie et sépare à la fois. Aucun fait extraordinaire n'advient, autour d'eux le petit monde de la plage, la mer, les vacances, sont plus que représentés, sous-entendus par un dialogue fait de résonances. Quatre hommes évoluent autour d'une femme et le monde particulier de chacun est senti comme une présence, un malaise au-delà des faits. »
Avant d'en arriver à la plage, on assiste à une scène fondatrice. le narrateur et Doro autrefois amis inséparables font un saut au pays dans les collines piémontaises. Doro vit désormais à Gênes depuis qu'il a épousé Cleia, une enfant gâtée de la bourgeoisie génoise. Il semble filer le parfait amour et pourtant il éprouve le besoin de retrouver sa terre natale. le narrateur se délecte déjà de replonger dans les délices de l'enfance et se réjouit silencieusement d'une possible dispute conjugale entre les deux époux. Mais Doro refuse absolument de retourner dans la maison familiale et de fournir des explications sur son mariage. Alors l'excursion tourne court, se termine en beuverie grotesque et pitoyable.
Cleia l'épouse de Doro est un personnage mystérieux car toujours perçu de l'extérieur par le narrateur jaloux. Elle plaît aux hommes, bavarde, cancane, sourit, évolue avec aisance dans ce microcosme balnéaire superficiel. Elle adore jouir du soleil, se fondre avec les rochers sans écouter les autres. Elle aime nager seule. On apprend qu'elle a passé une enfance solitaire enfermée dans une villa bourgeoise et qu'elle y rêvait de soleil et de mer. On ne connaît pas la nature des rapports qu'elle entretient avec Doro. On s'interroge, on cancane comme tous les autres.
Parmi les soupirants de Cleia, on trouve Guido le quadragénaire et Berni, l'adolescent. Guido est un riche oisif qui collectionne les petites jeunes. Mais Il a aussi une part d'ombre et de gravité. Berni, l'ex étudiant du narrateur est encore au stade de l'innocence, des découvertes, des livres, des désirs en tout genre. Il virevolte autour du groupe sans se dévoiler et apprend, vite, trop vite l'espace de cet été à la plage.
le narrateur trentenaire célibataire sans nom ne recherche plus l'amour mais une amitié, qu'on devine ambiguë mais pure, irrémédiablement perdue. L'innocence a disparu avec les collines piémontaises.
Les personnages souffrent donc tous de difficulté d'être à différents stades de la vie. Ils ne dialoguent pas vraiment, ils soliloquent le plus souvent en présence d'un autre. Les conversations sont pleines de sous-entendus, de souffrances muettes et marquent une totale impuissance à se comprendre et à s'adapter au temps présent.
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