L'accession au pouvoir de Mussolini comme de Hitler n'était pas inévitable. L'examen attentif de la manière dont les dirigeants fascistes sont devenus l'un et l'autre chefs de gouvernement est un cas d'école en matière d'antidéterminisme. On peut tout à fait admettre que la légèreté des traditions libérales, l'industrialisation tardive, l'existence des élites pré-démocratiques, la force des poussées révolutionnaires, un mouvement de révolte contre l'humiliation nationale ont contribué à donner de l'ampleur à la crise et à réduire l'éventail des choix réalistes, en Allemagne et en Italie. Mais les dirigeants conservateurs rejetèrent les autres possibilités, comme gouverner en coalition avec la gauche modérée, par exemple, ou sous les pouvoirs d'exception du roi ou du président. Ils ont au contraire choisi les fascistes. Quant à eux, les fascistes ont su procéder à la "normalisation" indispensable pour accéder au partage du pouvoir.
Il n'y avait aucune nécessité pour que les choses prissent cette tournure.
La plupart des mouvements fascistes en étaient réduits à la propagande et aux gestes symboliques pour trouver une place dans le jeu politique.
Les fascistes sont proches du pouvoir lorsque les conservateurs commencent à leur emprunter leurs méthodes , font appel aux "passions mobilisatrices" et essaient de coopter leur clientèle feasciste.
Ce qui nous empêche essentiellement de succomber à la tentation de taxer de fasciste ,les mouvements islamiques fondamentalistes comme Al Quaida et les talibans est qu'ils ne sont pas le produit d'une réaction contre des démocraties dysfonctionnelles .
..toute nouvelle forme de fascisme diaboliserait forcément un ennemi intérieur et/ou extérieur:mais cet ennemi ne serait pas forcément les Juifs.Un mouvement fasciste américain authentique serait religieux, anti-noirs , et , depuis le 11 septembre 2001 , de surcroît anti-islamique;en Europe Occidentale il serait séculier et , ces temps-ci , sans doute plus anti-islamique qu'anti-sémite;en Russie et en Europe de l'est ,il serait religieux , antisémite, slavophile et anti-occidental.
De toute façon,le fascisme du futur -réaction en catastrophe à quelque crise non encore imaginée - n'a nul besoin de ressembler trait pour trait ,par ses signes extérieurs et ses symboles ,au fascisme classique.