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Critique de Foxfire


Jusqu'ici je n'avais lu que 2 romans de Pierre Pelot, tous deux s'inscrivant dans le registre du post-apo. Avec « je suis la mauvaise herbe », c'est donc un tout autre versant de l'auteur que je découvre. Et quelle belle découverte ! Ce court roman m'a totalement séduite, c'est vraiment un coup de coeur.

« Je suis la mauvaise herbe » est à la fois un récit d'apprentissage et une chronique rurale. On est en 1920 dans un village des Vosges. le roman suit un petit garçon de 7 ans. Dans la vie de Simon, il y a ses parents, sa grand-mère, sa petite soeur, très collante, son ami Tillix et surtout il y a Brice. Brice est un vendeur d'aiguilles, un peu vagabond, qui vient, reste un peu puis repart… Brice a vécu mille histoires et il les raconte à Simon qui les écoute, avec les yeux brillants d'admiration.
A mon sens, il existe deux façons possibles de raconter un récit d'apprentissage. Un auteur peut choisir de raconter comment un enfant grandit en gagnant en maturité ou bien il peut le raconter en évoquant la perte de quelque chose. C'est cette seconde option que Pelot choisit. Ce thème de la perte de la magie de l'enfance est un sujet qui, depuis longtemps, me bouleverse. Je ne pouvais donc qu'être profondément touchée par ce récit. Je l'ai d'autant plus été que si dans le roman, la perte est bien là, elle est conjointe au gain d'autre chose. Simon va perdre certaines de ses illusions mais en même temps il va comprendre la puissance et la beauté de l'imaginaire. Pour saisir pleinement la magie de l'imagination, cette douleur de comprendre que toutes les histoires de Brice n'étaient pas réelles était nécessaire. le ton du roman dans son versant récit d'apprentissage est donc très nostalgique mais sans être déprimant. On en sort touché, ému mais pas triste.

L'aspect chronique rurale du roman est tout aussi réussi. L'immersion est pleine et entière. On sent les aiguilles de pin craquer sous le pied lorsqu'on suit les promenades de Simon et Brice. On ressent l'ambiance enfumée du café de province le dimanche après la messe. On perçoit bien la fatigue du corps fourbu du père qui rentre après sa journée de travail. On vibre à l'évocation de l'enfance enchanteresse offerte par ces paysages.
Pelot donne également beaucoup de justesse au contexte de son récit. Si, Brice est un héros pour Simon, ce n'est pas le cas de tout le monde au village. La Grande Guerre, encore toute proche, a laissé des cicatrices. Certains ont des rancoeurs, parfois bien légitimes. Et très naturellement, elles vont se diriger vers le marginal, vers Brice qui n'est pas allé se battre. Là encore, Pelot fait preuve de beaucoup de finesse et d'humanité pour aborder ce sujet.

L'écriture de Pelot est également une belle réussite. Sa plume est à l'image de l'histoire qu'il raconte et des gens qu'il dépeint. C'est simple mais qu'est-ce que c'est beau… J'ai trouvé le style différent des autres romans que j'avais lu, comme si l'auteur adaptait sa façon d'écrire au sujet et au registre qu'il aborde.

« Je suis la mauvaise herbe » est vraiment un très beau roman. En 180 pages seulement, Pelot parvient à livrer un récit subtil, intéressant et très touchant peuplé de très jolis personnages auxquels on s'attache intensément. Je suis un peu triste que ce très joli roman ait si peu de lecteurs sur babelio (et aucune chronique avant la mienne). « Je suis la mauvaise herbe » mériterait vraiment d'être plus connu.
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