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Critique de LoupAlunettes


La perte d'un sens développe tous les autres, dit-on.

Il en développe même un nouveau, un connecté aux impressions, intonations de voix, aux bruits et silences, à une forme d'empathie.

" Je sais bien qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Je ne suis peut-être qu'en CM1, mais je capte tout. La fiancée de mon cousin dit que j'ai le troisième oeil. Elle est indienne et a un petit rond peint au milieu du front. Ca me fait plaisir qu'elle pense ça, mais je me contenterais d'avoir deux yeux en bon état...".

Mafalda, l'héroïne, a 9 ans et on l'aura compris, elle est atteinte de cécité progressive.

Le roman nous fait passer le cap vers l'obscurité avec elle.

Mafalda est frustrée, agacée, vivement que cela passe car il est difficile de ne pas être capable de revenir en arrière.

Nous nous tenons prêt, hésitons à sortir les kleenex du coup et nous nous demandons un peu au début quelle tournure tout cela va prendre.

Dès le départ, nous sommes bien évidemment affligé du sort de cette très jeune enfant et en même temps, rassuré, qu'avec les histoires que lui raconte régulièrement son père le soir, elle développe encore une oenième manière de "voir".

Elle ne sera pas complètement seule dans le noir, pense t-on.



Nous revenons sur les 1ers temps, où Mafalda s'aidait encore de lunettes épaisses.

L'issue de ses problèmes de vue étaient déja conclue et un nom revient souvent dans les chapitres, un personnage qu'elle ne voit déja plus.

La grand-mère. On devine qu'elle a fait son temps, si l'on peut dire et elle lui a laissé un certain nombre de conseils qui la pose comme son amie la plus proche.

C'est elle qui lui a inculqué les rites du cerisier et de là-haut, on touche le ciel, on prend de la hauteur, on s'imprègne de la force d'un ami fidèle aussi.

Le cerisier a la symbolique du renouveau dans les histoires et les mythes.

Il aura aussi beaucoup à donner à une petite fille de 9 ans dans ses branches, un retour à une saveur qui ne changera pas.



La vie a encore un goût sucré à une période de l'année, les yeux fermés.

Mafalda nous touche. Elle sent la distance s'installer avec Clara sa meilleure amie et nous amuse, refusant l'amitié de Filipino, un garçon de son école qui l'a au début offensé.

Elle s'entêtera et se compliquera la vie à vouloir lui démontrer qu'elle n'a aucun souci de vue, tandis que Filipino semble pris de remord et la suit pour une seconde chance.

Elle n'est finalement pas toute seule mais la transition entre sa vie dans le brouillard et celle d'avant plus autonome lui demande beaucoup d'efforts que nous découvrons.

L'écriture respecte la sensibilité d'une enfant de son âge, ses précipitations et ses hésitations.

C'est juste émouvant, touchant sans tomber dans un pathos peut-être attendu avec ce genre de sujet.
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