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Critique de Pecosa


Chacun cherche son Cid, et Pérez-Reverte a créé le sien, un Campeador meneur d'hommes qui bataille le long de la frontière du Duero.
Rodrigo Díaz de Vivar a dû quitter la Castille après une brouille avec le roi Alphonse VI, et c'est suivi d'une troupe d'une cinquantaine de fidèles qu'il offre ses services aux souverains chrétiens ou musulmans.
Le récit débute sur l'incursion du Cid et de sa troupe en territoire hostile. Des notables de la ville d'Agorbe les ont payés pour pourchasser et tuer des pilleurs maures. Pour gagner sa vie, il entre ensuite au service de la Taïfa de Sarragosse, sous les ordres d'al-Mutamán qui mène campagne contre son frère Mundir, gouverneur de Lérida, allié au comte Berenguer Ramón II de Barcelona ainsi qu'au roi d'Aragon Sancho Ramírez.
Commence alors la geste épique du Cid, qui après avoir pourchassé des petites troupes le long du Duero livre de grandes batailles dans la vallée de l'Ebre: Monzón, Tamarite et surtout Almenar, où il capture le très arrogant comte Ramón Berenguer II.

Sidi n'est qu'un épisode dans la longue et captivante existence de Rodrigo Díaz de Vivar. Mais quel épisode! On retrouve dans ce roman le Pérez-Reverte que l'on aime, celui des batailles, de la soldatesque, de la complexité des jeux politiques.
L'auteur déboulonne le mythe franquiste du Cid croisé boutant le maure hors d'Espagne.
« Sólo soy un hombre de la frontera », déclare El Campeador, et cette phrase symbolise bien le roman. Car frontière il y a, en ce XIème siècle, des territoires chrétiens, des taïfas musulmans, des pauvres gens qui tels des pionniers de la conquête de l'ouest s'installent dans des no man's land entre des frontières mouvantes et fluctuantes pour travailler la terre, et se retrouvent à la merci de mercenaires, de pillards, de maures arrivés d'Afrique..Mais cette frontera qui a fait l'Espagne est infiniment plus complexe puisque les maures ont des alliés chrétiens, et les chrétiens des protecteurs maures, et que le Cid combat tantôt les uns, tantôt les autres…

Sidi est donc est une geste guerrière, un western médiéval avec sang et poussière, qui montre la fulgurante évolution d'un petit nobliau de province qui devient peu à peu un fin stratège, un meneur d'homme respecté des maures (qui le surnomment Sidi Qambitur) et des chrétiens, un homme d'honneur en ces temps agités. Le récit est riche de scènes d'actions, et de dialogues, pétri de vocables latins, castillans, arabes. Sidi est la naissance d'une légende. Le lecteur savoure le dialogue final entre le prisonnier Ramón Berenguer II et Díaz de Vivar et apprécie l'anecdote liée à Tizona , selon la légende, l’une des épées lui ayant appartenu (avec Colada). Ce n'est pas le portrait triomphant et manichéen du héros de la Reconquista, c'est le parcours d'un homme intelligent à l'aura grandissante quelques mois après son expulsion de Castille sur ce que fut la Frontera au XIème siècle.
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