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Critique de Lamifranz


Les « Contes » de Perrault sont comme les « Fables » De La Fontaine : passage obligé chez les grands auteurs du XVIIème, (siècle, bien sûr), ces deux oeuvres sont inséparables, essentiellement parce qu'elles ont trouvé un public de choix auprès des jeunes lecteurs (et des jeunes écoliers). Pour autant, la création ici d'un nouvel imaginaire (qu'il soit merveilleux féérique ou animalier) ne relève pas d'autre chose que de deux genres littéraires voisins, qui tous deux consistent en un récit assorti d'une moralité.
C'est peu de dire que les « Contes » de Perrault sont passés dans le patrimoine culturel de l'humanité. Lui-même serait bien surpris de voir son oeuvre diffusée dans le monde entier, et plus surpris encore de voir ce que la postérité en a fait : constamment réécrits (les frères Grimm s'en sont emparé avec le bonheur que l'on sait, et je n'ose vous parler des adaptations signées par les « cartoonists » américains, Walt Disney ou Tex Avery), les contes sont inscrits dans l'imaginaire de millions d'enfants et d'adultes dans le monde entier. Mais leur contenu n'est pas exempt de changements. Et le nom de l'auteur a même disparu. Voyez la fin du Petit Chaperon Rouge :
Chez Perrault,
« Ma mère-grand, que vous avez de grandes dents !
- C'est pour te manger ! ».
Et, en disant ces mots, ce méchant loup se jeta sur le petit chaperon rouge, et la mangea. »

Chez Grimm :
« Eh ! grand'mère, que vous avez une horrible bouche !
- C'est pour mieux te manger.
En disant ces mots, le loup sauta du lit et goba le pauvre petit Chaperon rouge.
Lorsque le loup eut apaisé son vorace appétit, il se recoucha, s'endormit et se mit à ronfler tout haut. le chasseur passait par là ; il pensa : « Comme la vieille ronfle ! Voyons si elle n'a besoin de rien. »
Il entra dans la chambre et, s'approchant du lit, il vit que le loup y était couché.
« Te voilà enfin, dit-il, vieux pécheur ! il y a longtemps que je te cherche ».
Il allait mettre en joue sa carabine, quand il songea que le loup pourrait bien avoir mangé la mère-grand, et qu'il serait encore temps de la sauver.
Au lieu de faire feu, il prit des ciseaux et commença de découdre le ventre au loup endormi. Après qu'il eut donné deux coups de ciseaux, il vit briller le petit Chaperon rouge ; deux nouveaux coups, et la fillette sauta dehors en s'écriant :
« Ah ! quelle peur j'ai eue ! comme il faisait noir dans le corps du loup ! »
Puis vint la vieille grand'mère encore vivante, mais à peine pouvait-elle respirer.
Le petit Chaperon rouge ramassa vite de grosses pierres, et ils en remplirent le ventre du loup. Quand le compère s'éveilla, il voulut sauter à bas du lit ; mais les pierres étaient si lourdes qu'aussitôt il retomba : il était mort.

Chez Walt Disney
(Le Petit Chaperon rouge fait alliance avec les Trois petits cochons)

Voyant le Grand Méchant Loup entrer dans la maison, la Mère-Grand se cache dans une armoire. le Petit Chaperon Rouge sonne à la porte. le loup se déguise en Mère-Grand et se glisse dans le lit. Mais le Petit Chaperon Rouge, méfiant, se cache dans l'armoire avec la Mère-Grand. Les Trois petits Cochons arrivent à la rescousse, et mettent le loup en fuite après avoir rempli son pantalon de braises ardentes …

Chez Tex Avery

Là je vous raconte pas (comme disent mes garçons), c'est inracontable !

Les Contes, donc, fleurent bon l'esprit d'enfance. Et pourtant, quand on lit ces histoires, que d'horreur, que de cruauté, que de perversions déguisées… Et que d'interprétations, folkloriques, mythologiques, ethnologiques, anthropologiques, philosophiques… On s'y perd, on oublie même qu'au départ c'est un simple exercice littéraire.

C'est pourtant ce qui nous ramène ici à l'essentiel : effacé tout le folklore qui est né autour de ces récits merveilleux, il reste un bel objet littéraire, qui se suffit à lui-même et qui mérite donc d'être considéré pour ce qu'il est, et non pas pour ce qu'il est devenu.
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