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Critique de Nadael


Editions Notari - Perrault, Grimm, illustré par Joanna Concejo- 2015
L'histoire du Petit Chaperon rouge tient une place particulière dans ma mémoire et dans mon coeur puisqu'elle renvoie à un souvenir d'enfance très précis. Mon arrière-grand-mère, qui s'appelait Léonarde, me la racontait oralement, je devais avoir quatre ou cinq ans, elle en avait plus de quatre-vingt-dix... petite mémé toute ratatinée, une robe sombre, des bas gris et un gilet en laine mauve par-dessus, les cheveux tout blanc remontés en chignon et des mains très longues et ridées qui gesticulaient dans l'air quand elle me contait l'histoire. Je ne me souviens plus de sa voix mais je sais qu'elle prenait soin de mettre le ton. Elle ne voyait presque plus, elle entendait très mal, elle passait ses journées assise près de la fenêtre de la cuisine juste à côté du poêle. Cette histoire, elle me la racontait très souvent (elle n'en connaissait pas d'autres me disait-elle) et à chaque fois, le plaisir était le même.
C'est donc avec une certaine émotion que j'ai lu cet album composé des deux premières versions retranscrites de ce conte – de tradition orale –, tant et tant remanié au cours des siècles suivants. Dans la version de Charles Perrault, publiée en 1698 (celle que me racontait mon arrière-grand-mère), le Petit Chaperon se met en chemin, avec un panier sous le bras contenant une galette et un petit pot de beurre, qu'elle doit apporter à sa grand-mère qui habite de l'autre côté de la forêt. Sur la route, elle rencontre le loup avec qui elle bavarde. La fillette, innocemment lui dit où elle se rend... Chacun prend un chemin différent, le plus court pour Compère Loup qui compte bien dévorer l'aïeule avant de se régaler avec la petite fille, et cette dernière empruntant le chemin le plus long ramassant noisettes et fleurs et regardant voler les papillons. le loup ayant mangé la grand-mère prend sa place dans le lit et attend patiemment le Petit Chaperon rouge qui se fera dévorer à son tour, sans ménagement. Chez Perrault, le loup est victorieux et la petite fille beaucoup trop naïve et désobéissante. Sa mère l'avait pourtant prévenue de ne pas s'écarter du chemin... En revanche, dans la version des frères Grimm, il en va autrement : un chasseur sauve la grand-mère et la fillette en ouvrant le ventre du loup.
Quant à Joanna Concejo, à travers ses sublimes crayonnés rouges et gris, elle en fait une toute autre lecture, plus ambigüe. On voit le Petit Chaperon rouge et le loup jouer ensemble. Un jeu de complicité voire de séduction se met en place... on ne sait pas très bien qui domine l'autre. le ruban rouge qui tient la coiffure de la fillette se détache, créant un lien équivoque entre les deux personnages au fil de l'album... une relecture qui rappelle les observations de Bruno Bettelheim dans son célèbre ouvrage La psychanalyse des contes de fées (aspirations oedipiennes, puberté, sexualité, délivrance, renaissance, passage de la petite à la jeune fille... )
Un album à lire et à relire et à garder précieusement.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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