Respirant à pleins poumons, elle ne put se retenir et esquissa quelques pas de danse avec elle-même, heureuse d'être à nouveau seule. Elle avait attendu ce moment toute la journée et peinait presque à réaliser qu'il était enfin arrivé et qu'elle était enfin tranquille. Tous ces petits détails, cette fleur qui avait éclos la veille, ce papillon aux ailes violettes, cette pierre aux reflets dorés, tout cela lui était d'autant plus précieux qu'elle en avait été privée toute la journée.
Rejetant en bloc toutes les mauvaises pensées qui l'assaillaient, la jeune fille releva la tête, le regard happé par la course rapide des nuages qui se promenaient sur le ciel teinté de violet. Dans quelques minutes, la nuit aurait recouvert tout ce paysage familier et si elle faisait mine de s'attarder, elle rentrerait certainement chez elle à la pâle lumière de la lune.
Après tout, une bibliothèque personnelle n'a pas à être attractive ni accessible au premier visiteur venu. Avec un petit soupir de nostalgie, Alma pensa à son ancienne bibliothèque . Si belle et si bien rangée que ses amis, inexorablement attirés par ce bel étalage de livres, passaient leur temps à lui en emprunter pour ne jamais les lui rendre ou seulement après maintes relances. Le pire dans l'histoire étant que la plupart d'entre eux ne lisaient même pas ce qu'ils avaient piochés. (p 65)
Il n'avait pas fait sa B.A. du mois et elle représentait une bonne opportunité pour se racheter aux yeux du Tout-Puissant ou quelque chose de ce genre.
Le plus grand bonheur isole, comme esseule la plus grande tristesse.
- Les romans sont si fantastiques que la vie, par comparaison, peut parfois paraître bien fade. Et bien ennuyeuse !
- Relire un livre que l'on a aimé, c'est comme retrouver de vieux amis !
Il n'y avait décidément rien, rien de plus apaisant et de plus beau que le spectacle des vagues qui s'écrasaient sur le rivage.
Remontant une nouvelle fois à la surface, elle cligna des yeux dans le soleil, soudain éblouie par la beauté de la lumière qui se reflétait sur les vagues. Plaqués contre son visage, ses cheveux la bâillonnaient et brouillaient son champ de vision. A travers, elle ne voyait que du bleu.
Pour l'instant, plongée dans un état de sidération totale, elle ne pouvait que pleurer et penser à sa propre peine, devenant égoïste dans la douleur comme elle l'avait jadis été dans ses plus grandes joies. Le plus grand bonheur isole, comme esseule la plus grande tristesse. (p 433)