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Critique de sylviedoc


Sur proposition de mon amie québécoise @Siabelle, nous avons lu de concert ce roman de Valérie Perrin, le troisième pour ma part, une première découverte pour ma co-lectrice. Alors j'en vois déjà qui lèvent les yeux au ciel rien qu'au nom de l'auteur, « encore un de ces feelgood sirupeux et mal écrits ! ». Mon credo étant d'essayer avant de descendre en flammes, même si j'avoue que j'avais également quelques préjugés avant de lire « Changer l'eau des fleurs », je les ai vite mis de côté.
Et d'abord, mettons les choses au point : « Trois » n'est pas du tout ce que j'appelle un feelgood, au contraire j'y ai trouvé plus de moments sombres que de légèreté, et des thèmes plutôt sérieux, entre autres le harcèlement (scolaire, puis conjugal), la difficulté à appréhender son identité de genre, la maladie (grave), le deuil, l'abandon par un parent, la grossesse non désirée à l'adolescence...ça vous suffit, ou on est encore dans les bons sentiments ?

Siabelle et moi avons toutes les deux été surprises par la relative noirceur de certains passages, nous nous attendions je pense à une belle histoire d'amitié, qui se briserait à l'âge adulte, le temps et la distance faisant leur oeuvre. Certes l'histoire d'amitié est au centre de ces quelques 650 pages, on assiste à sa naissance dans la cour de l'école, quand Nina, Adrien et Etienne se rencontrent à la rentrée, en CM2, et se « reconnaissent » immédiatement comme une évidence. Et des ruptures, il y en aura par la suite, des trahisons (ou du moins des actes vécus comme tels) aussi, mais ce lien reste quand même le fil de vie du roman. Plusieurs trames narratives s'entrecroisent, on suit d'une part l'enfance et l'adolescence des « trois » à partir de la rentrée 1986, sur le mode impersonnel, leur complicité immédiate alors qu'ils sont issus de milieux assez différents, leurs échanges sans filtres sur tous les sujets (du moins le croient-ils), et les premiers drames qui viendront perturber leur équilibre.
Entre ces chapitres que je qualifierais d'apprentissage de la vie, s'intercalent ceux racontés à la première personne par Virginie, revenue à La Comelle (la commune où se déroule une grande partie du récit). Virginie connaît bien le trio, ainsi que Louise, la soeur du bel Etienne. Elle est de retour en tant que journaliste, en 2017, parce qu'une voiture est retirée du fond d'un lac, des restes humains à son bord. Et cette découverte va réveiller bien des démons soigneusement enfouis. Les rapports de Virginie avec les trois sont troubles, et houleux semble-t-il, mais quel lien les relie ? Et en quoi l'enquête concernant la voiture les concerne-t-elle ? Plus on avance dans l'histoire, plus les questions se multiplient, certaines réponses ne nous seront données que dans les tout derniers chapitres.

Comme nous avons entrecoupé notre lecture avec d'autres livres que nous lisions entre-temps, afin de laisser le temps à chacune d'arriver au même point que l'autre, j'étais sous tension, pressée de connaître la suite, me demandant si les malentendus allaient se dissiper, si les liens distendus allaient se renouer, si celui des trois qui était en difficulté pourrait compter sur les deux autres pour s'en sortir, bref nous avons fait durer le suspense et le plaisir. Et je replongeais goulûment dans le récit au bout de quelques jours, dès que nous avions échangé nos ressentis.
J'ai beaucoup apprécié ce roman, et je suis heureuse de l'avoir partagé avec Isa. J'aurais aimé avoir un vrai coup de coeur, et peut-être que cela aurait été le cas, mais...
Mais pas de chance, le livre que je lisais en même temps, c'était « Glen Affric », et c'est ce dernier qui m'a réellement impactée, au point que je l'ai emporté sur mon île déserte. « Trois » a souffert de la comparaison, il m'a forcément paru plus fade, même s'il est loin d'être une bluette. Je pense que si je l'avais lu à distance du Giebel, sa note s'en serait ressentie, je lui aurais sans doute octroyé une demie-étoile de plus. Comme quoi, selon la phase de lecture où nous sommes, le ressenti ne sera pas le même. Ici, les planètes n'étaient pas parfaitement alignées, je resterai donc sur une lecture très plaisante (et certainement pas mièvre, j'insiste!), mais pas inoubliable.
Merci à toi, Isabelle, de m'avoir invitée une fois de plus à partager cette aventure. Et on renouvellera ! Allez lire son billet qui complète parfaitement le mien.
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