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Critique de Fortuna


La maison de Nohant dans le Berry avait été achetée par la grand-mère de George Sand, Marie-Aurore de Saxe, en 1793. Belle demeure entourée d'un grand parc, George Sand en hérite et en fait une maison d'artiste : elle y écrit l'essentiel de ses livres, la nuit, plus propice à la concentration. de nombreux artistes, peintres, musiciens, écrivains y séjournent, parfois plusieurs années. Chopin y compose une partie de son oeuvre, Balzac vient y puiser quelques inspirations, Théodore Rousseau y peindre quelques toiles. le théâtre ainsi que le théâtre de marionnettes y occupent également une grande place. Elle y organise des spectacles avec son cher Marceau sous l'oeil jaloux de son fils Maurice. de nombreux espaces sont dédiés aux activités artistiques dans la maison : cabinets de travail, bibliothèque, installation d'un piano, atelier, théâtre…Tout le village est convié aux représentations.

Nohant est aussi un jardin, lieu d'activités rurales auxquelles tient beaucoup George. Elle s'intéresse au jardinage, au potager, à l'étude des insectes puis des minéraux. Une serre est installée pour les plantes tropicales. Elle est également attentive au peuple, s'intéresse aux moeurs paysannes, à leur dialecte, leur culture, soucieuse de leur éducation, en républicaine convaincue. Elle s'en inspire dans ses récits. Même si elle continue à vivre régulièrement à Paris, elle est ancrée dans son Berry auprès d'un cercle d'amis chers auxquels elle restera fidèle. Toujours la plume à la main, par passion mais aussi pour entretenir le train de vie qui correspond à son idéal de maison ouverte à tous malgré les conflits qui ont pu naître avec ses enfants ou les difficultés de sa vie sentimentale. Sa plume elle l'utilise également en tant que journaliste engagée pendant les événements de 1848 et par la suite pour défendre la République et l'émancipation féminine. Elle tient un journal pendant la guerre de 1870 où elle exprime toute son horreur de la guerre.

L'ouvrage de Michèle Perrot passionnant et très bien écrit, à la fois riche et très accessible, nous dessine la personnalité d'une femme écrivain loin des clichés et images toutes faites et nous permet en même temps de mieux comprendre son oeuvre, son attachement à la terre, son profond anticléricalisme, son amour de la nature et de la vie en plein air, sa volonté de la comprendre. Très moderne dans ses combats, elle défend une culture pour tous où tout le monde participe, enfants, vieillards, domestiques. On coud, on fabrique des marionnettes, on peint, on monte des décors, on lit à haute voix durant les longues soirées d'hiver. On plante, on cultive, on cuisine également et la nuit George veille sur la maisonnée, écrivant parfois jusqu'à l'épuisement, figure maternelle mais aussi femme de tête tenant les comptes tout en ayant su conserver la liberté de la vie bohème. C'est aussi un monde à la veille de disparaître avec le développement de la société industrielle. Un très beau livre qui donne envie d'aller voir de plus près cette maison de Nohant !
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