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Critique de CAMELIABLEU


Été 1917 : l'espoir de victoire qui animait les soldats a disparu. Enlisés dans la boue, ils ont conscience qu'ils ne sont que de la chair à canon et seront sans doute bientôt morts eux aussi ou mutilés. Ils en ont vu mourir tellement d'autres, dans des conditions atroces, déchiquetés par des obus ou noyés dans les gouffres inondés de glaise qui naissent de la mitraille. Ils tentent de survivre dans des tranchées pleines de boue, où flottent rats et morceaux de cadavres. La seule valeur qui les fait tenir, c'est la solidarité. Ils savent qu'ils peuvent compter les uns sur les autres, qu'ils soient officiers ou simples soldats. Alors lorsque lorsque le major Penhaligon, respecté par ses hommes, est tué à son tour et remplacé par le jeune Northrup, qui n'y connaît rien mais s'arcboute à son autorité pour faire exécuter des ordres stupides, responsables de morts inutiles, la révolte gronde. Des mutineries ont déjà eu lieu côté français et Joseph, qui sait que les mutins seront fusillés, craint que le phénomène se propage. Dans ce contexte, la mort du jeune major est presque un soulagement, jusqu'à ce que Joseph comprenne qu'il s'agit d'un crime. Après ce qu'il a vécu, il passerait bien le fait sous silence mais Richard Mason, en reportage dans les tranchées, l'a vu lui aussi et n'entend pas se taire. La mort dans l'âme, Joseph doit en avertir ses supérieurs. Or le major était le fils unique d'un général, qui réclame justice. Joseph est chargé de trouver le ou les coupables...
Ce quatrième volet de la saga des Reavley est centré sur Joseph, qui par sa foi dans l'homme représente une des rares lueurs dans les ténèbres des tranchées. Mais c'est une flamme bien vacillante, car l'aumônier n'a plus aucune certitude et doute même de Dieu. Judith, toujours ambulancière, va jouer un rôle majeur dans cette histoire, mais comme vu de l'extérieur. Anne Perry s'attache beaucoup moins à l'évolution psychologique de la jeune fille que dans le tome précédant. Quant à Matthew, il continue certes à essayer de démasquer le Pacificateur, mais même s'il manque deux fois de se faire tuer, il est nettement en retrait par rapport à son frère. Les chapitres consacrés au front et ceux qui racontent ce qui se passent à l'arrière s'imbriquent moins bien. On voit les villes et les campagnes se vider des hommes et les femmes prendre leur place avec courage tout en luttant pour trouver de quoi nourrir leur famille dans cette période où tout manque, mais sans s'appesantir. Joseph, au contraire prend une dimension plus héroïque, capable d'atteindre en vol le Baron rouge aussi bien que d'organiser une plaidoirie à la manière de Rathbone.

Ce qui domine, cependant, c'est l'horreur de cette guerre qui fait mourir dans des conditions apocalyptiques des centaines de milliers de jeunes gens. Un sacrifice auquel on a du mal à trouver un sens, mais qui ne semble plus au coeur des préoccupations du pacificateur, dont la mégalomanie éclate au grand jour. Les discussions entre Joseph et Morel nous permettent d'espérer qu'il en sortira malgré tout un renouveau, une nouvelle société plus juste.

J'ai trouvé ce tome un peu moins réussi que les précédents, les différents volets de l'intrigue, qui traine parfois en longueur, s'articulant moins bien. J'ai été un peu déçue de moins suivre toute la fratrie et de ne pas retrouver certains personnages secondaires, comme Detta. La description des réalités de la guerre reste néanmoins effroyable et saisissante et fait de tous ces hommes des héros, dont on ne peut que saluer le courage et auxquels je penserai le 11 novembre.
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