AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Seraphita


Lors d'un hiver glacial au début du XVIIIe siècle, deux hommes se retrouvent dans une grange. Tous deux fuient, l'un pour désertion, l'autre pour vols. C'est dans ce lieu désert, hanté par le fantôme d'un meunier que leur destinée se scelle. L'un ira au bagne de l'évêché, l'autre deviendra le cavalier suédois, se mariant et prospérant. Mais on ne se glisse pas dans l'identité d'un autre sans en payer, un jour ou l'autre, les conséquences…

Publié en 1936, « Le Cavalier suédois » est un roman de l'écrivain tchèque Leo Perutz.
« Le Cavalier suédois » est une oeuvre attachante et polymorphe. Tout d'abord, ce roman nous fait voyager dans l'histoire, au début du XVIIIe siècle en Europe orientale. A cette époque, le jeune roi Charles XII de Suède a des rêves de conquête et l'ambition de bâtir un empire qui irait de la Baltique à la mer Noire. C'est ce même idéal que poursuit Le Cavalier suédois avant que son identité ne soit volée.

C'est là la deuxième facette captivante de l'oeuvre, celle de l'usurpation d'identité en cette période trouble de guerre, de disette et de corruption. Un homme sans nom, fieffé voleur qui parvient toujours à s'extraire des mauvaises passes, va endosser l'habit – et même les traits – d'un gentilhomme. Il parvient presque à se convaincre, alors que passent les années, de sa nouvelle identité. Mais l'ombre de la culpabilité n'est jamais loin et avec elle un remords qui prend le visage d'un fantôme.

Il s'agit là d'une autre facette de l'oeuvre, celle du fantastique qui émerge, tel un rêve – ou cauchemar – éveillé, au détour d'un chemin : l'avenir se révèle, la voix du remords jaillit, la peur d'être démasqué revient et revêt l'habit d'anges ou de diables.

« Le Cavalier suédois » est aussi un roman d'aventure qui nous emporte dans le tourbillon d'une âme qui veut vivre, aimer, prospérer, au prix du vol suprême, celui de l'identité d'une autre âme. Si la chute nous est d'emblée donnée dans le prologue, l'auteur ménage le suspense et la fin sait nous troubler, brouillant une nouvelle fois les frontières entre réel et surnaturel, alors que la neige qui tombe estompe, peu à peu, les contours du monde.
Commenter  J’apprécie          110



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}