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Citations sur Le Cavalier suédois (29)

La petite Maria Christine qui s'était dirigée à cloche-pied vers les écuries trouva le Torcol dans la pénombre. Assis sur son coffre il raccommodait une vieille sangle. Elle l'observa un moment puis se mit à parler de ce qui agitait et tourmentait son coeur.
- Sais-tu que mon père part à la guerre ?
- Oui, dit le Torcol. Et mon compagnon et moi partons avec lui.
- Alors vous serez trois, fit l'enfant qui compta sur ses doigts. Pourquoi partez-vous à trois comme les Rois mages ?
- Pour que l'un écoute quand les deux autres se taisent, expliqua le Torcol.
- Est-ce loin, la guerre ? demanda Maria Christine.
- Donne-moi une aune, que je mesure, dit le Torcol.
- Et quand revenez-vous ?
- Quand tu auras usé trois paires de petits souliers.
- Mais je veux savoir quel jour ! s'écria Maria Christine.
- Cours dans la forêt et demande au coucou, suggéra le Torcol.
- Et que vas-tu faire à la guerre ? s'enquit Maria Christine.
- Courir après la fortune, répondit le Torcol. Ma bourse vide m'est un poids. Je me sentirai plus léger quand elle sera pleine.
- Ma mère pleure, fit l'enfant. Ma mère dit que beaucoup de gens ne reviennent jamais de la guerre.
- C'est à cela que l'on reconnait que la guerre est bonne, repartit le Torcol. Car si elle était mauvaise, tout le monde rentrerait aussitôt.
- Alors pourquoi ma mère pleure-t-elle ? demanda l'enfant.
- Parce qu'elle ne peut partir avec nous.
(page 173-174)
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- Dieu ne tient peut-être pas à ce que trop d'hommes gagnent le royaume des cieux, avança le brigand. M'est avis qu'Il préfère voir les hommes au fin fond de l'enfer plutôt qu'à Ses côtés. Quel bien pourrait-Il attendre d'eux ? A peine sont-ils une poignée qu'ils s'étripent ici-bas, pourquoi en irait-il autrement là-haut ?
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Mais Tourne-Feu ne s'effaroucha pas, il n'aurait pas reculé devant le Malin en personne, car il savait qu'il n'est démon plus redoutable que l'homme parmi ses semblables.
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Tu veux partir, mais tu n'iras pas loin, frère, pas plus loin que ta pierre tombale.
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Et c'est ainsi que le voleur, trempé jusqu'aux os, à demi gelé, le souffle court et la poitrine en feu, tremblant de peur et de froid, traqué, mort d'épuisement et les mains en sang, pénétra pour la première fois dans la demeure qu'il devait gouverner deux années plus tard.
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Le voleur réfléchit. Pour atteindre le village de Lancken, il lui fallait revenir sur ses pas pendant quelques trois milles. Qui sait si les champs mal entretenus qu’ils avaient traversés n’appartenaient pas au noble cousin de son compagnon d’infortune ? Il aurait bien aimé connaître l’homme qui se laissait escroquer de la sorte par son intendant, ses teneurs de livres, ses bergers et ses valets.
Le chemin était périlleux, il le savait. S’il tombait entre les mains des dragons, c’était la corde à coup sûr, car les gibets ne manquaient pas à la croisée des chemins. Mais il était accoutumé au danger. Plus d’une fois le destin l’avait placé devant cette alternative : mourir de faim ou mourir pendu. À présent qu’il était résolu à mettre un terme à sa vie d’errant, à troquer sa liberté contre le gîte et le couvert, voilà qu’il se sentait envahi, une fois de plus, du désir impérieux de braver le vent âpre du dehors, d’inviter une dernière fois la mort à danser la courante.
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- Ma mère pleure, dit l'enfant. Ma mère dit que beaucoup ne reviennent jamais de la guerre.
- C'est à cela qu'on reconnaît que la guerre est bonne, repartit le Torcol. Car si elle était mauvaise, tout le monde rentrerait aussitôt.
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Pendant plus d'une année, les voleurs d'églises sévirent de l'Elbe à la Vistule... Ils coururent la Poméranie, la Pologne, le Brandebourg et la Neumark, la Silésie et les monts de Lusace. Ces contrées avaient toujours regorgé de bandits mais aucun n'avait encore osé s'en prendre aux biens sacrés de l'Eglise, même en ces temps de calamités. A présent la profanation était monnaie courante et l'émoi était grand. On crut d'abord, à l'ampleur des méfaits, que les pilleurs des saints lieux étaient plus d'une centaine. Il s'avéra qu'ils n'étaient que six et ne formaient qu'une petite bande. Aussitôt le bruit courut que les brigands de Dieu avaient le pouvoir de se rendre invisibles au cœur du danger, aussi le baron Maléfice les poursuivait-il en pure perte. D'aucuns prétendaient que Satan, l'ennemi héréditaire de Dieu, s'était fait leur capitaine et dirigeait en personne les opérations.
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- Frappez ! Frappez ! sifflait-il entre ses dents serrées. Je ne suis pas de haut lignage et ne pratique pas votre vile usure. Frappez ! Frappez ! Plus d'ardeur ! Je ne suis qu'un pauvre manant, peu me chaut de saigner le déshérité, de lui voler son équipage. Frappez ! Frappez ! Noble engeance que cet homme à barbiche qui fuit devant le sabre du capitaine, que ce Tornefeld qui veut aller à la guerre, mais craint d'avoir froid aux doigts. Frappez ! Frappez ! Je suis d'un autre bois. Je ferais un gentilhomme autrement convaincant...
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Il aperçut, droit devant, le moulin abandonné et, plus loin, les joncs des marais, la lande puis les collines et les forêts obscures. Ces forêts, ces collines lui étaient familières. C'était les terres de l'évêché... avec leur forge et leur brocard, leurs carrières, leurs fonderies et leurs fours à chaux. Là régnait le feu et l'évêque despote que tout le pays surnommait "l'ambassadeur du diable". Et le voleur cru voir, au fond de l'horizon, les flammes des chaufours dont il s'était jadis enfui. Où que le regard portât, ce n'était que flammes violettes, pourpres, mêlées à la fumée noire. Là gémissaient les morts vivants enchaînés aux charrettes, les voleurs de grand chemin et les vagants qui avaient été ses frères - ensemble ils avaient choisi cet enfer pour échapper au gibet. Comme lui jadis, ils arrachaient, une à une, de leurs mains nues, les pierres des carrières de l'évêque, une vie durant ; ils sortaient du four des résidus incandescents, debout jour et nuit devant la gueule vomissante, à peine protégés par l'étroit auvent de bois qu'ils surnommaient entre eux "le cercueil". Le feu leur brûlait le front et les joues - ils ne sentaient plus : ils ne sentaient que le fouet du bailli et de ses valets qui les exhortaient à la tâche.
Et c'est là que le voleur voulait retourner ! Ce lieu était pour lui le dernier refuge. Car le pays comptait plus de gibets que de clochers, et il savait que le chanvre qui devait le pendre était déjà peigné et cordé.
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