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Critique de Arakasi


Au milieu du XIXe siècle, un obscur gentilhomme allemand, Edouard de Jochberg, meurt de vieillesse. Son décès n'aurait guère fait de bruit, si ses voisins n'avaient découvert dans ses affaires de surprenants papiers relatant sa carrière de soldat dans les troupes napoléoniennes des dizaines d'années plus tôt. Un épisode va particulièrement attirer l'attention des curieux par son étrangeté : celui de la destruction totale du régiment de la Bisbal durant la guerre d'Espagne en 1812, une destruction ô combien mystérieuse et à laquelle aucun historien militaire n'avait réussi à donner une explication. le témoignage de Jochberg lève enfin le voile sur ces événements, mais les éclaire également d'inquiétante façon, car c'est bien la main du Démon et non celle des guérilleros qui semble se cacher derrière cette insolite tragédie – ou plus précisément la main du Marquis de Bolibar, un Grand d'Espagne aux troublants pouvoirs sataniques, capable de fouiller dans le coeur des hommes pour en extirper les pires passions et les mener ainsi à leur perte.

Après un petit épisode plus merveilleux avec « La nuit sous le pont de pierre », je retrouve avec beaucoup de satisfaction le mélange subtil de réalisme et de surnaturel tourmenté qui m'avait tant charmée dans « le cavalier suédois ». Des quelques oeuvres de Leo Perutz que j'ai eu l'occasion de lire jusqu'à maintenant, celle-ci est assurément la plus noire et la plus pessimiste : le ton en est férocement satirique, les personnages oscillent entre veulerie et bravade imbécile, la magie y est cruelle et impitoyable… Pourtant, je dois bien reconnaître que « le Marquis de Bolibar » est également l'oeuvre de Perutz qui m'a le plus marquée, en partie parce que c'est celle qui a su éveiller en moi les plus vives émotions. Une fois les premières pages tournées, j'ai été complétement captivée par la tension et l'atmosphère anxiogène distillées par le romancier, ainsi que par le personnage du Marquis, sombre déité à l'omnipotence aussi fascinante qu'effrayante. Machiavélique, tortueuse, mais pourtant d'une parfaire limpidité, l'intrigue du « Marquis de Bolibar » est de celles qui se dévorent en quelques heures, en vous procurant un délicieux frisson entre les omoplates. Encore une fois une très bonne pioche. Grand merci monsieur Perutz !
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