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Critique de chocobogirl


près 20 ans d'absence, Eusebio Ramirez a décidé de retourner dans son petit village mexicain d'origine, Oaxaca. Il espère bien renouer avec la famille Rojas mais lors de son arrivée, qui coïncide avec le jour des morts, il apprend la mort du jeune Benito Rojas. Ce nouveau drame chez les Rojas le fait fuir à nouveau et c'est désormais par l'intermédiaire d'une lettre qu'il va se confier à sa mère Consuelo.

Éblouissant album qui nous emmène au coeur de la culture mexicaine et plus particulièrement des rites et de la tradition funéraire !
Eusébio est gardien d'un musée de masques. Son retour à Oaxaca réveille bien des souvenirs. Tous ses anciens amis sont morts désormais et la famille Rojas a eu son lot de décès. Incapable d'affronter cette ancienne famille dont il a été si proche et qu'il considère comme sienne, il se confiera dans une longue lettre. Et cette lettre qui est donné à lire au lecteur. Eusebio sera donc le narrateur de cette histoire. de l'histoire familiale des Rojas que nous suivrons par delà les générations et les époques, en découvrant les destins tragiques de ses descendants, du héros de la révolution mexicaine au petit Benito. Nous découvrirons Dolores et Candelario qui furent aussi présents que des parents. Puis Eusébio évoquera le mariage de Victor et Esperanza, chamboulé par le goût de Victor pour les hommes, avant d'arriver à la mort accidentelle du petit Bénito. On fera également un détour vers José Guadalupe Reyes, un créateur de masques mystérieusement disparu tandis que nous pénètrerons dans l'histoire du musée des masques tenu par Eusébio.

Mais ce portait de famille est surtout prétexte à un véritable hommage à la culture mexicaine. Les mexicains apportent une grande place et importance à la mort dans leur quotidien. Les rites funéraires sont fort présents et les morts continuent d'avoir leur place dans leur famille même après leur disparition. L'imagerie mexicaine se nourrit d'ailleurs particulièrement d'images et de représentations macabres qui sont liés à un caractère festif, contrairement à l'occident : squelettes, cranes en sucre, masques funéraires, pique-nique au cimetière, etc... Ici, la mort ne fait pas peur et la regarder en face permet en plus aux vivants d'affronter les questionnements existentiels avec plus de recul.

La narration se fait floue, oscillant entre souvenirs, rêves et cauchemars, affichant par moment une vision fantasmagorique où les squelettes s'animent et se mélangent aux vivants dans une ronde infernale.

Le plus incroyable dans cet album, c'est la prouesse graphique graphique dont fait preuve l'auteur (d'origine espagnole). A la suite de plusieurs séjours au Mexique, Félix Pestemer s'est inspiré de la tradition muralisme (grandes fresques murales réalisées dans un style naïf, célébrant à son origine, la gloire de la révolution mexicaine) pour nous offrir ces planches entièrement réalisées au crayon.
Vous découvrirez donc des pages luxuriantes, chatoyantes, surchargées de décor et de détails. Alternant couleurs (douces) à profusion avec quelques planches en tons sépia qui symbolisent le passé et les souvenirs, c'est un véritable déchainement artistique qui englobe dans chacune de ses pages des renvois aux rites funéraires. Ne cherchez pas d'endroit nu : il n'y en a pas ! Et c'est ce qui fait tout l'intérêt de cet ouvrage hors-norme qui dépasse les canons habituels.

La poussière des aïeux est un ouvrage qui s'inscrit véritablement dans la tradition mexicaine. Entre histoire du Mexique, vie quotidienne d'une famille et sublimation de la tradition funéraire, l'album nous rappelle surtout la valeur de la mémoire et l'importance des morts, signifiant clairement que seuls les souvenirs des vivants gardent en vie les disparus, et que tant que nous célébrons leur souvenir, leur esprit continueront de vivre à travers les siècles.

J'invite ceux qui n'ont pas peur d'un choc graphique à se pencher sur ce formidable album pour lequel j'ai eu un gros gros coup de coeur !
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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