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Critique de Melisende


La magie de ce blog c'est que parfois, des auteurs me contactent et me proposent leurs ouvrages en échange d'un peu de promotion et je ne les en remercierai jamais assez. de cette façon j'ai déjà fait de merveilleuses découvertes (j'espère qu'il y en aura encore beaucoup d'autres) et Notre-Dame-des-Lettres de Fémi Peters ne fait pas exception à la règle.
Le petit résumé de l'auteur me tentait, j'ai donc accepté avec grand plaisir de recevoir ce livre voyageur. Malgré une ou deux choses qui m'ont parfois gênée lors de ma lecture, je garde de celle-ci, dans l'ensemble, un très bon souvenir.

La quatrième de couverture n'offrant qu'un court extrait qui ne dévoile pas grand-chose, permettez-moi de vous faire un rapide résumé de cette histoire.
William dit Willy, a 16 ans. Une visite culturelle anodine va changer sa vie. Il apprend l'existence du très spécial couvent Notre-Dame-des-Lettres, unique en son genre, réservé uniquement aux écrivains. C'est décidé, il veut y entrer et parvient à convaincre ses parents. Devenant le plus jeune novice de l'histoire des lieux, Willy est une bénédiction pour certains frères, une tempête dévastatrice qu'il vaudrait mieux contenir pour d'autres. Mais Gabrielle, la Mère supérieure du couvent, se prend d'affection pour ce fils qu'elle aurait aimé avoir et encourage toutes ses initiatives… ou presque !

Notre-Dame-des-Lettres offre donc l'histoire de Willy, de son entrée au couvent à… plusieurs années plus tard, devenu un homme adulte sage et apaisé… ou presque !
Fémi Peters nous propose, sur presque 400 pages, de suivre l'évolution de ce héros qui se donne corps et âme à la grande déesse Littérature, faisant voeu d'écriture, de lecture et de culture. Enfermé dans ce lieu clos, c'est l'occasion pour Willy de réfléchir sur sa vie et son but, d'écrire et surtout de grandir… A Notre-Dame-des-Lettres il découvre l'amitié, la jalousie, l'agitation des nuits d'inspiration et le supplice de la page blanche. A Notre-Dame-des-Lettres, Willy se construit et construit son oeuvre.

Le côté roman initiatique m'a plu et j'ai apprécié l'originalité de « l'intrigue ». Sans compter qu'un lieu pareil, ça a de quoi faire rêver (enfin, personnellement, me retirer dans un lieu tranquille pour lire, écrire et me cultiver toute la journée, je ne dirais pas non…) mais c'est là que quelques petites choses sont venues me gêner. Je m'explique.
Je ne suis pas contre le fait d'élever la littérature au statut de déesse et de créer une religion pour la servir. Cependant, il me semble que la littérature est avant tout une affaire de partage et d'expériences. A mon sens, un bon écrivain se doit d'être ouvert aux autres, de rencontrer des gens, de voyager, de vivre des aventures et des émotions qu'il pourra ensuite utiliser dans ses oeuvres… Or, ici, les écrivains du couvent ont interdiction de sortir du couvent et interdiction d'échanger avec l'extérieur, ce qui pourrait les « polluer » (donc pas d'internet, pas de télévision mais des DVDs…). A mon avis, ça ne peut pas fonctionner. A moins de s'appeler Emily Brontë, comment peut-on réussir à parler de choses dont on ne connait rien ? Comment parler d'amour, par exemple, sans jamais avoir vécu une relation (là encore, à moins d'avoir du sang Brontë dans les veines…) ?
Dans le même ordre d'idées, j'ai du mal à croire que 50 personnes (hommes et femmes mélangés) vivant sous le même toit des années durant et surtout sans possibilité de sorties, ne se sautent pas dessus. Sans être des animaux, ce serait quand même un comportement humain, non ? Et apporterait des expériences pour tous ces écrivains… Fémi Peters explique bien que Willy est parfois un peu démangé, mais il cligne des yeux et hop, il passe à autre chose.
Bref. Là où le bat blesse avec ce titre, c'est que je ne parviens pas à assimiler « écrivain » avec « couvent strict ». Si encore les écrivains vivaient dans ce lieu de recueillement avec la possibilité de s'ouvrir au monde extérieur et donc de vivre un peu… là d'accord. Mais ce n'est pas le cas.

J'ai aimé suivre les aventures de Willy et son évolution au sein de la communauté mais j'avoue tout de même que je n'ai jamais vraiment réussi à m'attacher à lui. Je l'ai toujours senti très éloigné et je pense que c'est une des conséquences de l'utilisation du point de vue externe. L'empathie serait sans doute plus grande si le lecteur se retrouvait dans la tête du héros (avec le « je »).
En revanche, je félicite Fémi Peters pour sa maîtrise des ellipses narratives. Des années se sont parfois passées entre deux courts chapitres mais le lecteur n'a pas de mal à replacer les éléments dans leur contexte.
De façon générale, Notre-Dame-des-Lettres est un texte plutôt bien écrit et agréable à lire. A noter les nombreuses références à la littérature grâce aux citations éparpillées dans le texte, celle de fin résumant parfaitement le sentiment de beaucoup d'entre nous : « Quand je pense à tous les livres qu'il me reste encore à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux. » (Jules Renard)


Pour conclure. Une idée de base originale et bien trouvée pour ce texte initiatique qui aurait gagné en profondeur et émotions si le héros, Willy, était un peu plus abordable, empathique. Certains aspects religieux liés à l 'idée que je me fais d'un écrivain, m'ont un peu dérangée mais les nombreuses références littéraires offertes par Fémi Peters et la plume de celle-ci m'ont permis de gommer légèrement cet aspect négatif.
Je pense que si à votre tour, vous souhaitez recevoir Notre-Dame-des-Lettres, vous pouvez contacter Fémi Peters
Lien : http://bazar-de-la-litteratu..
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