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Critique de AlbertYakou


Ce qu'il faut de nuit, son premier roman, écrit dans une langue simple et fluide, était très émouvant et triste. A mon avis, il avait recueilli le succès qu'il méritait. Son troisième roman (je n'ai pas lu le second) témoigne des mêmes qualités. Humanité, tendresse, amour et amitié, incompréhension, soupçons, doute, révolte, sont mis en scène par le prisme de deux personnages (Fred et Sarah) qui, entourés de trois autres amis, ont décidé de rester vivre sur le lieu d'une catastrophe nucléaire.

Cette vie n'en est plus une. On ne peut s'aventurer hors des maisons sans une combinaison, les radiations sont partout, la terre est si polluée qu'y faire pousser des légumes est une gageure mortelle. L'horizon de la survie est limité à quelques années et ils le savent. Mais ils restent. Comme un refus du monde qui les a détruits, celui de ceux qui, au-delà de la vaste région interdite, continuent sans doute leur folie. Nous n'en saurons rien puisque ces cinq là (bientôt rejoint par quelques autres survivants étrangers) sont coupés du reste de l'humanité.

Et ce microcosme humain se débat dans les difficultés (autant psychologiques que matérielles), puis peu à peu s'y enlise. Car surgit bientôt une autre question. Si ces cinq adultes ont décidé en toute conscience de rester, a-t-on le droit de contraindre à ce choix un enfant qui va naître ? Et qui naît. Quel avenir offre-t-on à ce bébé en le forçant à vivre dans une nature qui tue ?

Cet enfant ne peut être un projet, il est condamné dès la naissance, et il crée par sa seule présence la discorde entre des volontés divergentes.

Je n'en dirais pas plus. Un roman sans doute moins fort que Ce qu'il faut de nuit, mais qui en possède les mêmes qualités d'humanité, d'amour des autres, et de fraternité.

J'ajouterais quand même que Laurent Petitmangin a bien du courage dans le contexte actuel de rappeler (en passant) que le nucléaire n'est l'avenir de rien, sinon du malheur et de la destruction. A un moment où le lobby nucléaire, avec à sa tête le redoutable propagandiste Jean-Marc Jancovici, a réussi à convaincre une majorité de Français qu'il fallait, pour lutter contre le réchauffement climatique, relancer cette aventure suicidaire de l'électricité nucléaire, il faut oser être à contre-courant. Merci aussi à l'auteur pour ce rappel d'une catastrophe qui nous pend au nez.


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