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Critique de PM_Panigoni


Ce livre je l'ai attendu dès que j'ai vu cette couverture avec ce titre intriguant et subjuguant qui se détachait : « Ravensbrück mon amour ». Comment pouvons-nous assembler dans un seul titre une telle antonymie, une telle dualité ?

Après j'ai lu le 4ème de couverture et cela m'a encore plus convaincu de le lire…ma curiosité était piquée au vif.

La Seconde Guerre Mondiale est une période de l'histoire qui m'a toujours attiré et plu. Pourquoi ? Je ne saurais dire. Une chose est cependant sure, c'est le fait que c'est l'une des périodes les plus noires de notre histoire, de l'Histoire. Écrire un roman noir dans ce contexte peut sembler facile, mais au contraire il me semble que c'est encore plus difficile de rendre noir ce qui est noir par nature, et ce sans le rendre absurde. Dans ce roman, Stanislas Petrosky y arrive à merveille.

Nous sentons la documentation maitrisée et bien construite. Chaque détail est précis, utile et servant le roman. Aucun élément n'est superflu.

Le plan et la typologie du camp sont réels, les rythmes infernaux sont corrects et je ne parle pas du Revier, l'infirmerie ou plutôt le centre expérimental barbare des nazis. Dans ce dernier point, l'auteur ne nous épargne pas. Tout est retranscrit. Toutes les expériences monstrueuses sont décrites. Mieux vaut avoir le coeur bien accroché pour certains passages.

Toute cette horreur qui est présentée, nous la voyons au travers un jeune artiste allemand, Gunther, enrôlé de force lors de la construction du camp, puis dans la surveillance du camp. Par un « heureux » hasard, il devient le « Pseudokünter », le gribouilleur du camp. Ce rôle l'endurcit en surface car il doit passer au-dessus de tout ce qu'il voit afin de pouvoir survivre, car il le sait, seul son talent de dessinateur le maintiens en vie. Il prend alors son rôle à coeur, veut se servir de son oeuvre pour relater tout ce qu'il se passe dans ce camp.

« Mon rôle était tout trouvé, j'aiderai les survivantes à témoigner pour que cela n'arrive plus. »

C'est de par cette fonction particulière que nous découvrons et tout ce qu'il s'y passe, même si nous avons plus de 70 ans de recul et que nous savons ce qu'il s'y passait, nous sommes surpris à chaque fois en même temps que Gunther.

« C'était l'un des mystères de ce camp, vous aviez beau vous attendre à une chose horrible, vous étiez toujours en dessous de la réalité. Pourtant, en tant qu'artiste, je pouvais me vanter d'être très imaginatif, mais jamais assez par rapport à la cruauté nazie. »

Le regard de Gunther.

C'est cela qui m'a le plus interpellé dans ce roman. Il voit ce qu'il se déroule, semble lucide du drame humain devant lui. Par le biais de ces dessins, tout est noir, il s'applique à rendre la cruauté telle qu'il la voit. Un peu comme dans la liste de Schindler et le fameux manteau rouge qui marque les esprits, car c'est ce qui frappe les mémoires en étant la seule touche de couleur, ici les seules notes de couleurs sont le rouge du sang et le vert et jaune de la pourriture. Ces 3 couleurs seulement agrémentent les croquis… je trouve ce symbolisme très fort.

Fort est effectivement le maitre mot de ce roman.

Le regard de Gunther est fort également.

Fort en émotion et en sensibilité.

Je me plais à penser Gunther est une facette de l'auteur dans une certaine mesure. Pour créer un personnage comme Gunther, il faut avoir cette corde-là, c'est-à-dire une sensibilité dosée avec justesse, faisant ressortir tous les sentiments possibles qu'un être puisse connaitre.

Niveau sentiments, voici comment nous pouvons expliquer le titre. Notre petit allemand arrive à trouver l'amour dans un camp de la mort. Ravensbrück est un camp de femme, ça aide un peu. Edna arrive au milieu du roman et apporte une véritable bouffée d'oxygène à Gunther, et à nous autres lecteurs par la même occasion. Edna représente l'espoir. L'espoir d'un futur possible, l'espoir de s'en sortir, l'espoir que l'amour n'est pas mort au milieu de cette barbarie.

L'humanité a toujours sa place, mais étrangement jamais chez les oppresseurs.

Je ne parlerai pas des autres personnages, car vous en saurez plus à la fin du livre où vous découvrirez que la majeure partie des nazis ont réellement existé et officié à Ravensbrück… comme quoi, comme bien souvent, la réalité dépasse de loin la fiction…

Pour finir, je dirai juste que ce roman est pour moi un coup de coeur. Ce genre d'effet est très rare chez moi, mais là je dois l'avouer…ce livre m'a terriblement plu, de par sa noirceur et son humanité, de par sa sensibilité et sa barbarie, de par le coeur de Gunther et la déraison nazie.

Tout est en opposition constante, mais l'ensemble est équilibré.

Si vous aimez le roman noir, si vous aimez la période [39-45] (ce livre est le 1er opus d'une série consacrée à cette période), si vous avez le coeur bien accroché, vous devez lire ce livre, et gardez à l'esprit que toutes ressemblances avec la réalité n'est pas totalement fortuite…
Lien : http://polar.zonelivre.fr/st..
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