AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Bad0Wolf


ATTENTION: Peut contenir des SPOILERS:

4 ans d'attente!

4 longues années d'attente pendant lesquelles il a fallu nous occuper avec les Sept Cités, frustrante trilogie dans son histoire parce qu'elle ne traite pas du tout d'événements liés à la trame principale, et le Paris des Merveilles, qui m'a permit de découvrir un autre côté du génie de Pierre Pevel. Mais malgré ces lectures divertissantes ou bienvenues, il planait toujours au dessus d'elles l'absence d'une vraie suite au Haut-Royaume.

Mais elle est enfin là et il faut dire qu'elle ne déçoit pas.

Malgré des déclarations de la part de Pevel qu'il entendait aller dans une nouvelle direction avec ce tome, une idée qu'il avait flottée étant de suivre une bande de mercenaires travaillant pendant la Guerre des Trois Princes, il n'en est rien et la trame ouvre immédiatement à la fin du précédent, avec la mort du Haut-Roi Erklant II. On retrouve alors Lorn et sa Garde d'Onyx de plus en plus nombreuse et de plus en plus influente alors que les luttes d'influence qui ont caractérisées les deux précédents tomes vont enfin éclater en guerre.
La mort du roi ouvre une nouvelle période pour le Haut-Royaume: la Trêve des Larmes, une période de deuil entre la mort du souverain et l'ouverture de son testament qui nommera son héritier. Pendant cette période, le prince Yrdel, fils aîné d'Erklant II, assure la régence en sa capacité d'héritier présomptif. Mais celui-ci ignore les machinations que la reine et ses alliées ont mis en oeuvre pour assurer que la succession leur soit favorable. Cependant, tous ont conscience que la guerre est inévitable, surtout quand une pluie de cendres rouges commencent à tomber sur la Capitale alors qu'Erklant II vient de mourir; un présage qui annonce une guerre.

Pour commencer, je vais revenir brièvement sur les deux critiques que j'avais fait sur le Chevalier et L'Héritier, tomes que j'ai relus en attendant la sortie du Roi. Pevel souffre d'une manie malencontreuse qui doit néanmoins être un souci majeur pour tout auteur tentant d'écrire un Grand Oeuvre comme lui: il a tendance à commencer des intrigues qu'il finit par abandonner ou changer, introduire des nouveaux concepts qui n'existaient pas avant ou qu'il change. Par exemple, pour n'en prendre que deux, le Garde d'Onyx Kay et sa relation avec Naéris. Un autre exemple, dans le précédent tome, Erian d'Ansgarn était duc, dans celui-ci, il est roi. ce sont des détails, mais ils sont tout de même là.
Une autre intrigue qui m'avait fortement déçu dans L'Héritier, l'idée que Lorn est effectivement le fils du Haut-Roi. J'avais adoré l'idée que les Gardiens avaient mentis à Erklant II pour le contraindre à libérer Lorn de Dalroth. Cette histoire ne sert presque aucune importance dans ce tome,
Quoi qu'il en soit, si ce tome souffre légèrement d'un manque de continuité, les deux tomes précédents m'ont encore plus plut qu'à ma première lecture et la résolution d'une grande partie des intrigues qu'ils avaient mis en place valait le coup d'avoir attendu pendant aussi longtemps.

Maintenant, le vif du sujet: ce roman est génial. du début à la fin, il nous tient en haleine, multipliant les surprises tout en maintenant sa toile fonds qui permettra à Pevel de continuer à nous divertir avec sa "Beaucouplogie". Ouvrir sur la succession du Haut-Roi était une idée géniale, nous permettant de voir la conséquence de toutes les actions prises pendant les tomes précédents enfin prendre forme: les intrigues de la reine Célyane, les ambitions d'Alan, la résistance de Yrdel (), et la montée en puissance de Lorn à la Cour. Le prince-cardinal Jall aussi révèle enfin ses vrais couleurs et ses vraies ambitions qui sont distincts de celles de sa mère, mais qui a laissé derrière lui un indice gênant qui pourrait bien être la raison de sa destruction.
La Guerre des Trois Princes finit par éclater au grand jour après la fin de la Trêve des Larmes, quand Yrdel découvre que le testament le déshérite et donne le trône à son frère Alan.

Pevel montre encore une fois quels sont ses points forts: les intrigues, qui dominent la première partie de l'histoire; les conflits, qui prennent forme pendant la deuxième partie; et la fantasy qui apparaît de manière très intéressante dans cette même partie. Les aventures et les campagnes sont toujours très intéressantes et bien décrites, histoire qu'on ne se perdent pas dedans et développe l'envie de sauter des pages. Les surprises sont constantes et permettent de continuellement mettre ces personnages qui n'aiment pas perdre le contrôle des situations qu'ils n'avaient pas prévus. Même une intrigue qui est arrivé en toute fin de roman, un peu comme la bataille de Notre-Dame dans les Lames du Cardinal, passe bien ici. Même si un peu de foreshadowing de la part de Pevel n'aurait fait de mal à personne.

Je me répètes sans doute en disant que la plus grande réussite de Pevel reste ses personnages: Lorn reste le personnage du héros ambiguë qui prend des décisions parfois surprenantes mais toujours intéressantes. La décision qu'il a prise dans le précédent tome, , est une décision différente de celle des autres héros de fantasy et démarque l'oeuvre de Pevel de beaucoup d'autres, même de George Martin. Cependant, il reste tiraillé entre sa haine de ceux qui l'ont trahis et les sentiments qui font de lui un héros: il tient à ses hommes et ferait tout pour les protéger, continue de souffrir de ne pas pouvoir être avec la femme qu'il aime, et découvre les joies de la parenté pour la première fois.

Au même titre, les personnages que nous avons suivis depuis plusieurs romans reviennent. J'ai déjà parlé de Naéris qui prend de l'importance au sein de la Garde d'Onyx et hérite d'un don qui lui permettra de faire une véritable différence. Téogen d'Argor prend parti dans la guerre qui s'annonce, méprisant comme il le fait toujours les intrigues d'êtres comme la reine et Estévéris. Ce dernier mérite bien sa comparaison avec Richelieu, puisqu'il prend une route dans ce roman qui avait été celle du cardinal dans notre histoire. La reine doit affronter les conséquences de ses actes mais reste fidèle à elle-même. Il nous est même permit d'en voir un peu plus de ses motivations pendant ce roman, notamment pendant les échanges qu'elle a avec ses enfants. Jall est pour elle une autre pièce dans son échiquier politique, caractéristique que l'on voit avec la manière dont elle s'adresse à lui (par vouvoiement, contrairement à Alan), tandis qu'Alan est véritablement le fils qu'elle semble aimer. La seule question qui je me poses: est-ce qu'elle l'aime parce qu'il est son fils ou parce qu'il est une extension d'elle-même, à l'image d'une autre ambitieuse reine dans une autre série fantastique à forte ambiguïté.

Mais les deux meilleurs personnages de ce roman sont les deux princes: Yrdel et Alan. Ou Yrdel Ier et Aldéran Ier comme ils se font connaître désormais. Yrdel m'avait impressionné dans le précédent roman parce qu'il me semblait comme être le meilleur choix pour succéder à son père et régner sur le Haut-Royaume. Ce roman confirme ça, mais montre toute de même que malgré sa droiture, il souffre néanmoins du sentiment que son droit prime sur tout et ne laissera rien entraver sa route. Cela l'entraîne à faire des bêtises, notamment quand il se laisse tenter par des décisions douteuses. Son propre camp se révèle empli d'intrigants, agissant pour lui ou contre lui. Si la majorité de ces alliés (comme la Dame d'Arcante et leurs alliés Valmiriens) sont des êtres droits qui suivent Yrdel par conviction et par cause commune (le mépris de la reine primant au delà de toute autre considération), certains autres ont beaucoup moins de scrupules. Un autre élément s'ajoute au portrait de Yrdel mais qui ne le définit pas:

Alan, qui m'avait toujours laissé un goût amer dans la bouche dans les précédents tomes, gagne la distinction d'être le personnage qui m'a le plus impressionné dans ce roman: il continue à marcher sur un chemin étroit, tiraillé entre son ambition et son désir d'évasion. On le retrouve comme on l'avait laissé, incertain de s'il devait suivre le plan de sa mère et accepter le trône qui lui était offert et risquer un conflit avec son frère. Ou refuser et épargner son peuple et lui-même une chose qu'il a toujours hésité à accepter. Ses démons continuent à le tirailler et il finira par faire son choix. Mais non sans prendre conscience de sa propre importance auparavant. Il nous montre très clairement avec son choix qu'il n'a pas l'intention d'être la marionnette de sa mère, même s'il continue à écouter ses conseils surtout après le début de la guerre. Mais la véritable perle avec lui vient de deux événements: Quoi qu'il en soit, Alan finit par montrer ses vraies couleurs et se révéler le digne descendant de la race des Haut-Rois.

Enfin, pour terminer, le côté fantasy du Haut-Royaume prend une toute nouvelle ampleur grâce à un personnage qui avait fait forte impression depuis sa présentation: Serk'Arn, le Dragon de la Destruction qui a été emprisonner depuis des siècles par les Haut-Rois. Cependant, le secret de sa captivité semble avoir disparu avec Erklant II, aucun des trois princes ne semblant être au courant de sa captivité. Ainsi, seul Lorn sait que le puissant dragon vit encore. La guerre qui divise le Haut-Royaume n'avantage personne plus que lui, qui gagne en puissance avec chaque jour qui passe. Lorn continue à jouer un rôle important dans ses plans, sans le vouloir. A suivre

PS: Si des précisions bienvenues ont été apportées pendant ce roman sur le monde, l'absence de carte reste cependant un gros malus. Quant il en aura fini avec cette série, j'espère que Pevel nous la montrera.
Commenter  J’apprécie          90



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}