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Critique de Apoapo


Un retraité sexagénaire établi à la campagne retrouve une lettre qu'un ami de jeunesse, Martinu, lui a adressée quinze ans auparavant, et entreprend de lui répondre, dans une longue confession-bilan de sa vie vieillissante. Contrairement à Isa, son épouse journaliste engagée, le narrateur avoue qu'il coule une existence désormais éloignée de la philosophie, détachée des plaisirs du débat et même de presque toute forme de sociabilité qui l'animait jadis : une vie retirée et paresseuse, qu'il présume dissemblable de celle de son ami, et assurément méconnaissable par rapport à celle de leurs années communes. Son désengagement de la politique et de la pensée argumentative possède des traits qui par moments semblent aigris, presque atrabilaires, de vieux ronchon en colère contre le monde et deux archétypes de voisins – Jean-Foutre le raciste, et Connard Fini, le rond-de-cuir procédurier – mais par moments simplement distants, de vieux sage, dont l'admiration est sincère du caractère encore pugnace de sa femme, en même temps que d'une jeune poétesse réservée, Lydie, qui devient amie du couple. Par contre, Michel, un collègue d'Isa, loquace, optimiste à outrance, sans doute adepte de la psychologie contemporaine du bonheur, représente son antagoniste.
De divagation en digression, d'anciennes lectures en descriptions de la vie villageoise, de méditations sur les temps qui changent en réflexions sur ses propres transformations psychiques et caractérielles, le narrateur s'attarde dans un monologue adressé à cet ami peut-être à présent étranger, peut-être même décédé, en sachant que sa femme lit, et peut-être Lydie lira aussi son texte dont la rédaction, parfois interrompue, s'étend sur plusieurs mois.

Je suis familier et grand admirateur des petits livres de Picard, à la prose ciselée à l'extrême, qui se situent à un point d'intersection toujours légèrement déplacé entre la fiction, l'essai philosophique, le pamphlet et l'autobiographie. L'acuité de sa réflexion ainsi que le soin qu'il apporte à sa langue sont intacts ; cependant j'ai regretté de ne plus retrouver, cette fois, son admirable et précieuse ironie que je recherche par-dessus tout dans ses écrits.
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