AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Madame_lit


Wapke est un recueil de nouvelles d'anticipation autochtone, publié aux Éditions Stanké, sous la direction de Michel Jean. Ce recueil est le premier dans le genre à être publié au Québec. Comme je trouve qu'il faut lire la littérature autochtone, je n'ai pas hésité à dire oui.

Tout d'abord, il importe de mentionner que Wapke signifie futur en langue atikamekw comme il est stipulé sur la quatrième de couverture. Pour un recueil de nouvelles d'anticipation, le titre ne pouvait être mieux choisi. Ainsi, Joséphine Bacon (Innue), Natasha Kanapé Fontaine (Innue) ou encore Cyndy Wilde (Anicinipape et Atikamekw), pour ne mentionner que ces dernières, offrent un portrait post-apocalyptique à leur lectorat. Ils sont 14 à proposer des nouvelles sur ce que sera l'avenir et ce qui m'apparaît vraiment intéressant c'est que les autrices et les auteurs sont nommés et la communauté autochtone à laquelle ils appartiennent est identifiée. Aussi, les thèmes relevés dans ce recueil sont divers. Je peux citer l'impact du réchauffement climatique, le gouvernement autoritaire, la technologie, la fécondité, l'identité, le racisme, la discrimination, le fantastique, etc. J'ai trouvé ces nouvelles fascinantes, voire perturbantes en ces temps de pandémie. À cet égard, j'ai été profondément perturbée par «Pakan» (Autrement) de Cyndy Wilde. Ainsi, j'ai pu relever des éléments qui me semblaient tributaires de la réalité. Par exemple :

«Cette pandémie aura quintuplé la superficie du fossé qui sépare les Autochtones des Québécois» (p. 95)

Ou encore :

«La disparition d'une femme autochtone avait laissé la plupart des gens dans l'indifférence la plus totale». (p. 98)

On peut se référer aux nombreux cas de disparition de femmes autochtones qui sont demeurés des mystères. Ça donne froid dans le dos.

Mais encore, je me suis retrouvée en ce qui concerne la nature. Les nouvelles démontrent souvent à quel point les Autochtones ont besoin de la nature et qu'ils en sont près, qu'ils veulent préserver la Terre-Mère. Je ressens de plus en plus ce besoin d'être dans la nature, près des oiseaux et des arbres, des cours d'eau et ce, depuis le début de la pandémie. Il y a des passages magnifiques illustrant ce constat. Ainsi, dans la nouvelle «2091» d'Elisapie Isaac, Inuk de Salluit, il est mentionné qu'il faut accueillir le silence et qu'il importe de ne pas chercher à le meubler. Ce dernier invite au recueillement, à l'observation, à l'essentiel. Mais encore, il décrit le paysage du Labrador qui doit être splendide (je n'y suis jamais allée) :

«Sur le pont, Tayara admire la vue avec quelques voyageurs. Les vallées, les montagnes, l'infinie beauté du Nord. Ils voguent vers leur première destination, les monts Torngat, vers le Labrador. Un site spectaculaire, un de ses endroits préférés. À chaque visite, la même émotion le submerge. Il ne se lasse jamais depuis huit ans, à raison de quatre voyages chaque été. » (p. 113-114)

Si vous avez envie de découvrir des autrices et des auteurs de choix, n'hésitez pas à lire Wapke. Ce dernier est aussi empreint de poésie :

Une nuit d'étoiles et moi.
Il me semble entendre des pas.
Un vieil homme, panaches de caribou autour
de la taille, veste blanche brodée de rouge, perce
l'horizon.
Grand-père, je n'entends plus ton coeur.
Je sais. (Joséphine Bacon, «Uatan, Un coeur qui bat», p. 201.
Lien : https://madamelit.ca/2021/05..
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}