AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de fanfanouche24


"Les créateurs ont-ils le droit d'engloutir et de désespérer tous ceux qui les approchent ?
Leur quête d'absolu doit-elle passer par une implacable volonté de puissance ? Leur oeuvre, fût-elle lumineuse, mérite-t-elle un aussi grand sacrifice de vies humaines ?"(p. 15 / Folio Gallimard, 2018)

Un récit fort , bouleversant, épuré, sur le grand Homme rédigé par sa petite -fille, Marina Picasso, de longues années après... les souffrances et les chocs de sa jeunesse !.

Une lecture qu'un ami vient de m'offrir...Ami avec qui j'ai partagé des années communes de "libraire" aux Musées Nationaux !

Un récit lu quasiment d'une traite... des mots d'une adulte blessée qui a dû passer plus de 10 années, en analyse, pour évacuer les trop violentes souffrances d'enfant, face à un géant de grand-père, centré sur son art, se nourrissant de ses proches pour son parcours d'artiste...Un hommage très tendre à une grand-mère adorée, Olga... et surgissent dans mes yeux, les extraordinaires portraits d'Olga, la première femme de Picasso,que ce dernier immortalisa, tout en la rejetant ensuite, dans une détestation grandissante et l'oublia, sans que celle-ci n'exprima un mot négatif à son encontre... en présence de son fils, Paulo, ni ses petits-enfants, Marina et Pablito...

"Pourquoi n'ai-je pas compris que Picasso était indifférent à tout ce qui n'était pas son oeuvre ? le coeur de sa vie n'était ni Pablito, ni moi, ni mon père, ni ma mère, ni Olga, ma grand-mère, ni les femmes qui sont mortes pour lui. Une seule chose comptait: la peinture et rien d'autre. Pour créer, il lui fallait anéantir tout ce qui gênait sa création. "Un tableau" , disait-il à Christian Zervos, le fondateur de la revue -Cahiers d'art-, " un tableau est une somme d'additions. Chez moi, un tableau est une somme de destructions. " (p. 94)

Il est toujours extrêmement complexe et ambigu de lire des histoires familiales douloureuses de personnes célèbres... là, on ressent si fort les douleurs insupportables de la petite Marina, en relation fusionnelle avec son frère "siamois", Pablito, qui se suicidera très jeune, le jour même de la mort de Picasso...Tous ces morts, ces existences finissant dramatiquement... Quel prix à payer pour l'oeuvre et le sacre du Grand Homme !!!

Troublante et dérangeante histoire qui donne la part d'ombre d'un artiste de génie...narcissique et obsédé par son oeuvre, au détriment des êtres les plus proches... qu'il a dévorés sur son passage !

"A aucun moment l'ensemble de ma famille n'a pu se soustraire à l'étau de ce génie qui avait besoin de sang pour signer chacune de ses toiles: le sang de mon père, de mon frère, de ma mère, de ma grand-mère, le mien et celui de tous ceux qui, croyant aimer un homme, ont aimé Picasso." (p. 15)

Marina, pour sa grand-mère vénérée, Olga, son frère adoré disparu tragiquement... parviendra à transformer les ruines , en champ d'espoir, à aider les enfants du bout du monde...à créer une vraie famille aimante, des enfants à elle et trois enfants vietnamiens adoptés...
Un beau parcours de vie, de résiliente....Une Renaissance, une Reconstruction qui forcent l'estime et l'admiration face à cette femme qui a transformé en lumière éclatante les ombres si pesantes du passé !
Commenter  J’apprécie          485



Ont apprécié cette critique (44)voir plus




{* *}