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Citations sur Grand-père (55)

A aucun moment l'ensemble de ma famille n'a pu se soustraire à l'étau de ce génie qui avait besoin de sang pour signer chacune de ses toiles: le sang de mon père, de mon frère, de ma mère, de ma grand-mère, le mien et celui de tous ceux qui, croyant aimer un homme, ont aimé Picasso. (p. 15)
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Les créateurs ont-ils le droit d'engloutir et de désespérer tous ceux qui les approchent ? Leur quête d'absolu doit-elle passer par une implacable volonté de puissance ? Leur oeuvre, fût-elle lumineuse, mérite-t-elle un aussi grand sacrifice de vies humaines ? (p. 15 / Folio Gallimard, 2018)
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Lorsque notre grand-mère Olga s'en est allée, ni Pablito ni moi n'avons pleuré. Notre désarroi était au-delà des larmes. (...)
Ses pinceaux ne lui ont-ils jamais rappelé à quel point elle était magnifique et royale lorsqu'elle posait pour lui ? Egoïsme, avarice de coeur, lâcheté, barbarie, pourquoi l'a-t-il reniée après l'avoir tant de fois glorifiée sur ses toiles : - Olga à la manille, Olga au col de fourrure, Olga lisant, Olga pensive et tant d'autres Olga dont cette Olga dans un fauteuil qui illumine le hall de ma maison, vestale noble et énigmatique qui veille sur ma vie et celle de mes enfants. (p. 74)
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Tu vois, puisque tu nous as volé notre père, c'est à toi que nous nous adressons pour posséder un arbre généalogique, une colonne vertébrale. Pour construire le présent, il nous faut un passé. Donne-le nous, grand-père. (p. 139)
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J'aurais dû, moi aussi, faire partie de ces victimes. Si je suis encore là, je le dois à la rage de vivre et de lutter d'un grand-père dont je rêvais...
Et qui n'était pas là. (p. 198)
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Approchez, nous dit-il toujours en souriant. Nous avançons, timides et, les yeux mi-clos, ouvrons grande la bouche. Doucement, presque religieusement, grand-père y dépose la friandise.
Une sorte d'eucharistie.
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Plus tard, bien plus tard, je devais apprendre que les figues et les dattes fourrées de noix que grand-père nous proposait systématiquement à chacune de nos visites s'appelaient des « mendiants ».
On ne devrait jamais apprendre certaines choses.
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Comment devenir un homme responsable lorsque, au restaurant, il suffit à ce père insolent de signer sur une nappe en papier pour payer une addition de quarante personnes ? Comment adopter un mode de vie cohérent lorsqu’on entend ce père se vanter de pouvoir acheter une maison sans passer par le notaire, avec trois tableaux qu’il qualifiait avec morgue de « trois merdes barbouillées dans la nuit » ?
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Les souvenirs aussi bien que les regards opèrent des miracles.
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Il aimait l’argent pour acheter des maisons dans lesquelles il peignait. Il les revendait dès qu’elles ne suffisaient plus à contenir ses nouvelles œuvres. Il n’aimait pas se mettre à table. C’était du temps volé à sa création. Il méprisait toutes les vanités qu’apporte la fortune. Dans ses vêtements fatigués, il aurait pu passer pour un clochard. Il ne faisait aucun cas de la cour qui se pressait pour venir voir le maître.
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Ma mère a toujours pensé qu'être la belle-fille de Picasso relevait du droit divin. Elle n'a jamais pensé à ce qu'on serait plus tard puisqu'une bonne étoile avait fait de nous des Picasso comme elle.
Picasso était devenu l'image essentielle de sa vie. Elle ne voyait que par lui, ne pensait qu'à travers lui, ne parlait que de lui : aux commerçants, aux gens qu'elle croisait dans la rue même si elle ne les connaissait pas.
"Je suis la belle-fille de Picasso."
Un trophée, un passe-droit, un prétexte à toutes les excentricités.
Je me souviens encore de la honte que j'éprouvais lorsqu'en été, à la plage, elle venait en bikini argenté ou doré, au bras d'un éphèbe de quinze ans son cadet, de mon humiliation lorsque, toute jeune adolescente, je la voyais apparaître en mini-jupe à une réunion de parents d'élèves en compagnie d'un blanc-bec guère plus âgé que moi, des efforts que je devais faire pour l'appeler Mienne - le diminutif d'Emilienne - parce que ça faisait plus jeune et style américain, de la peur que j'avais lorsqu'elle ouvrait la bouche, du malaise que je ressentais lorsqu'elle expliquait la peinture de Picasso, elle qui n'avait jamais vu un catalogue ni même une brochure des oeuvres de mon grand-père.
Son discours variait selon les gens qu'elle rencontrait. Lorsqu'il s'agissait de personnes qu'elle connaissait à peine, elle hissait Picasso sur un piédestal : "Mon beau-père est un génie. Je l'admire et je sais qu'il m'apprécie beaucoup." Avec ceux qui étaient plus intimes, sans retenue, elle racontait toutes nos difficultés : "Vous rendez-vous compte qu'avec toute sa fortune, ce salaud nous laisse sans un sou."
Les gens riaient. Les gens rient toujours quand ces choses-là arrivent aux autres.

Je ne me souviens pas que ma mère nous ait raconté des histoires comme Le Petit Chaperon rouge ni qu'elle nous ait amenés faire un tour de manège. Je sais seulement qu'en dépit de toutes ses dérives pathologiques, elle était la seule à nous protéger. A part elle, personne ne voulait de nous dans cette famille. En dépit de sa folie des grandeurs et de ses turbulences, elle nous apportait la chaleur de sa présence, de son parfum de mère, de sa voix, de ses rires, même s'ils étaient le plus souvent forcés. Elle nous offrait la niche de l'appartement avec tous ces repères affectifs qui peuplent une petite enfance : la bouilloire qui chante sur le feu, la table de la cuisine et sa toile cirée, l'eau de l'évier qui goutte, la chaise chancelante sur laquelle "il ne faut pas s'asseoir", le bouquet desséché dans son vase, le cocon de cette chambre bleue ou Pablito et moi pouvons nous isoler : trésors incomparables lorsqu'on est orphelin.
Pour le reste, avec les moyens du bord qui lui étaient offerts, elle a fait ce qu'elle a pu.
Ce n'était pas génial.
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