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Critique de Mimimelie


Marina Picasso après de longues années d'analyse pour guérir d'une douleur étouffée depuis l'enfance, fait dans ce récit un retour sur son passé tragique. Bien évidemment, les détracteurs pourront en dire qu'il s'agit là d'une affaire de famille et qu'il y a là un petit côté malsain à regarder par le trou de la serrure ; mais il me semble que ce récit, hors le fait qu'il lui a été dicté sans doute à dessein d'exorcisme supplémentaire pour elle, doit être regardé avec distance. Bien sûr son témoignage est bouleversant, et le premier mouvement est de prendre partie : « quel sale type quand même ! » car quoi de plus terrible et choquant que la détresse d'un enfant qui cherche désespérément sa part d'amour... Bien sûr certains passages vous coupent le souffle et forcent l'incrédulité sinon la colère devant tant de cruauté :" - Monseigneur ne veut pas qu'on l'ennuie.Tête basse, nous rebroussions chemin. Grand-père appartenait aux autres. Il n'était pas pour nous.Nous n'arrivions pas à comprendre pourquoi tant de gens l'admiraient. A t-on le droit d'admirer une personne qui refuse sa porte à des enfants ?"
Mais petit à petit, Marina pose et se pose, au fil de son analyse, les vraies questions : "Les créateurs ont-ils le droit d'engloutir et de désespérer tout ceux qui les approchent ? Leur quête d'absolu doit-elle passer par une implacable volonté de puissance ? Leur oeuvre, fût-elle lumineuse, mérite-t-elle un aussi grand sacrifice de vies humaines ?"
Voilà me semble-t-il toute la question que pose ce récit.

Et, comme l'avait prédit le maître: «Quand je mourrai, ce sera le naufrage; beaucoup seront aspirés par le tourbillon»
Effectivement, Pablito le frère de Marina s'est suicidé deux mois après les obsèques de Picasso. Leur père est mort de son alcoolisme peu de temps après. Parmi les compagnes de Picasso, Marie-Thérèse Walter s'est pendue en 1977 et Jacqueline Roque sa deuxième épouse s'est tiré une balle dans la tête en 1986. Dora Maar est morte dans la misère au milieu des toiles de Picasso qu'elle refusait de vendre afin de garder pour elle seule sa présence. C'est beaucoup de dégâts j'ai envie d'ajouter à la gloire d'un seul homme !

Mais malgré tout, malgré autant de souffrance et peut être à cause de tant de souffrances, Marina un peu réconciliée avec son passé à pu prendre la mesure des parts de chacun dans son histoire et sinon pardonner, du moins laisser à son grand père celle qui lui revient : “A travers le prisme de mon père, il était méprisant et avare. A travers celui de ma mère , il était pervers et insensible. Jacqueline, avec ses “Monseigneur”, nous assénait le coup de grâce. ... Nourrie de cette légende, je l'ai longtemps tenu pour seul responsable de notre détresse.” .... Aujourd'hui – et c'est pour cette raison que j'ai voulu ce livre- je découvre que mon grand-père nous a été volé. Alors que nous aurions pu glisser librement dans sa vie..."
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